Fortunato, en italien, peut avoir deux sens : celui qui a de la chance, et celui qui a de l'argent. Cet homme des médias italien sortait un livre "Carlo Caracciolo, l'editore fortunato", aux éditions Laterza, il y a deux ans.
Carlo Caracciolo a passé le flambeau de son groupe l'Espresso au mois de mars 2006 à Carlo De Benedetti, il n'en est plus que le président honoraire.
Il était appelé en Italie "Il principe", car à 80 ans il dirigeait un groupe qui comptait le magazine l'Espresso, le quotidien la Repubblica, 15 journaux régionaux, trois radios, et la chaîne de télévision All Music, et le portail Kataweb.
En 1956 Carlo Caracciolo commençait sa carrière dans la presse en recevant gratuitement les actions de l'Espresso de la part de Adriano Olivetti.
En janvier 2007, il devient, à hauteur de 33,33%, le deuxième actionnaire du journal Libération en injectant 5 millions d'euros.
Le nouvel actionnariat de Libération vient en effet d'être dévoilé.
Edouard de Rothschild va quant à lui injecter 5,8 millions d'euros dans le journal, et en restera le premier actionnaire, avec 38,7% du capital.
Pathé (1,5 M EUR), Mediascap — société du groupe La Libre Belgique – La Dernière Heure — (1,2 M EUR) et Suez (0,3 M EUR), déjà actionnaires de Libération, détiennent désormais respectivement 10%, 8% et 2% du capital.Une dizaine d'investisseurs à titre personnel, parmi lesquels Pierre Bergé, André Rousselet, Bernard-Henri Lévy et Henri Seydoux, viennent compléter le capital à hauteur de 1,2 M EUR (8%). Les noms des autres investisseurs "à titre personnel" n'ont pas été rendus publics.
Donc, pour résumer :
5,8 M€ Edouard de Rothschild (Holding Financier Jean Goujon)
5,0 M€ Carlo Caracciolo, à titre personnel (co-fondateur de La Repubblica)
1,5 M€ Pathé
1,2 M€ Mediascap, société du groupe de La Libre Belgique – La Dernière Heure
1,2 M€ d’une dizaine d’investisseurs à titre personnel parmi lesquels Pierre Bergé, André Rousselet, Bernard Henri Lévy, Henri Seydoux
0,3 M€ Suez
L'annonce de ces chiffres s'est faite après l'adoption hier, par les salariés de Libération du changement de statuts du quotidien jugé nécessaire par l'actionnaire principal.
C'est la seconde fois que les salariés étaient appelés à se prononcer sur ce point. Le vote du 19 décembre dernier n'avait pas permis de dégager une majorité nécessaire aux changements. Cette fois-ci, le collège de rédacteurs s'est exprimé à près de 68% pour le oui, ainsi que 60% du collège des administratifs et 50% des fabricants. Pour que le vote soit acquis, il fallait qu'il recueille une majorité des voix dans deux des trois collèges, dont celui des rédacteurs. Le oui l'a donc emporté, et Libération va devenir une société anonyme dotée d'un conseil de surveillance et d'un directoire.
La Société civile des personnels de Libération (SCPL, représentant les actionnaires salariés) était le deuxième actionnaire de Libération avec 18,4% du capital. Dans un communiqué, Edouard de Rothschild précise que la SCPL "participera à l'augmentation du capital et contribuera pour un montant à finaliser". Selon une source syndicale, la SCPL devrait investir à hauteur de 0,1 million d'euros.
Le quotidien devient donc une société anonyme (SA) et la SCPL (société civile des personnels de Libération) perd son droit de véto, à l'exception de celui portant sur le choix du directeur de la rédaction (Laurent Joffrin depuis novembre).
Créateur et rédacteur en chef de L'Observatoire des Médias. Journaliste, consultant. Conseil strat. digitale. Intervenant : ESJ-CFPJ-IPJ-CELSA. Ex Libé, LePost.fr.