L'Observatoire des médias

Le système rédactionnel idéal

L'autre jour mon lecteur de flux RSS me montre une note d'Eric Dupin sur la machine idéale pour bloguer.

Et cette note me rappelle bien d'autres choses: et si cette machine idéale était aussi l'outil idéal pour le journaliste en balade?

blog machineGrande question. Tous les journalistes nomades, les correspondants permanents à l'étranger, les envoyés spéciaux, les journalistes déportés pour un festival ou un congrès ont tous connu l'ivresse des problèmes de transmission de leurs articles. Au service informatique de Libération, les sauveurs d'articles, les médecins du Powerbook, des Ibook, des téléphones satellitaires et autres GSM s'appellaient Blaise et Roger. Écrire. Sauver. Faire Pomme-S. Transmettre. Et voilà. Et c'est tout. Et ne pas perdre son article. Voilà ce que veulent les journalistes. Après, si ils ont à disposition une machine qui ne leur casse pas le dos, alors c'est parfait.

Longtemps, dans les rédactions, le Macintosh avait la part belle. Au niveau des unités centrales, et aussi au niveau des ordinateurs portables. C'était le cas à Libé. Le système de publication était QPS, et les portables des Powerbook, puis des iBook, et maintenant des MacBook.

Gros changement dans ces matériels : l'abandon du port PCMCIA, qui permettait d'enfourner une carte modem GSM, et d'envoyer son papier, certes lentement, mais de façon assez sûre. À Libération le papier était jadis déposé sur un serveur scruté par des automates qui allaient déposer le texte dans la bonne file de QPS.

Plus de carte PCMCIA? Ce tYpe de transfert directement dans le système de publication fut abandonné au profit d'un seul canal : l'email. Un email envoyé à un ou plusieurs destinataires. Et des fois plusieurs destinataires qui déposent en même temps le même article dans le système. Circuit de l'information qui n'empêche pas le fait que, comme avant, l'envoi du papier se suivait souvent d'un coup de fil flippé de la part du journaliste pour savoir si son papier était bien arrivé. Cet appel arrivait souvent à la hotline de l'informatique pour savoir si le papier était bien déposé dans QPS. Une lecture des premiers mots de l'article permettait de tranquilliser le journaliste.

Les journalistes comparent souvent le matériel qui leur a été mis à disposition lors de grands évènements, lorsque tous les journalistes sont réunis dans une salle de presse. Et là, souvent, ils reviennent en disant que pour eux, la transmission c'était mal passée, alors que pour les autres, il n'y avait pas eu de soucis. Et quelquefois, à Libération, les journalistes nous remontaient l'information comme quoi les journalistes du Monde, ou d'autres, étaient sur PC.

Le PC.

C'était un gros mot. Un truc hideux. Plein de virus. Moche. Pas glop.

Pourtant, lorsque l'on réfléchit 5 minutes, que fait un journaliste, au travail?

Il consulte le fil des dépêches? Son logiciel existe forcément pour à la fois Mac et PC. Il écrit? Il lui faut donc un logiciel dédié à cela, avec un compteur de signes et si possible Pro Lexis. Il envoie des mails, et Il consulte son courrier? Il lui faut juste un navigateur, pour pouvoir accéder à sa boite email, si son entreprise a mis en place une plateforme accessible depuis le web. Mais il lui faut aussi un outil où il va pouvoir écrire ses brouillons. Il lui faut donc un logiciel de mail. Il va sur le web, il lui faut donc Firefox. Il va sur son intranet, pour par exemple, inscrire ses prévisons d'articles, ou poser des congés? Là aussi, il a besoin de Firefox.

Alors, que reste-t-il de purement Mac, là dedans? Pas grand chose.

C'est une des raisons pour lesquelles je n'avais pas eu d'état d'âme pour recommander à Libération, dans le panel de systèmes de publication de nouvelle génération, des outils qui étaient disponibles uniquement sur une plateforme Windows. Et assez rapidement, la plateforme Méthode de EidosMedia s'était imposée à moi. J'en ai fait part très rapidement à mon directeur informatique.

La chaîne de décision a été assez longue, et Libération n'avait pas d'argent (j'avais découvert Méthode à l'IFRA d'Amsterdam en 2003).

Le fait que La Libre Belgique (actionnaire de Libération) soit équipée du même système, que le Groupe Edipresse ait été longtemps un modèle en Europe d'intégration de salle de publication, et puis ensuite que d'autres rédactions de quotidiens s'en équipent ont très largement contribué au fait que c'était le système qu'il fallait à Libération pour sauter un pas, et s'affranchir des problèmes techniques, pour laisser les journalistes se concentrer sur leurs papiers.

EidosMedia c'est une équipe dynamique issue d'anciens membres d'Unisys Italie. Et ils ont développé un système "full-XML" qui fait bien son travail.

Un des moments clés dans la décision de choisir ce système a été le voyage que nous avions effectué, mon directeur informatique, le chef de l'édition de l'époque, et moi-même à Milan, au siège d'EidosMedia. Lors de la présentation, Marc Dubroca changea d'application, très rapidement. Il était sur un navigateur. Et il continua à se servir de l'interface principale de Méthode, tout cela à travers une interface en client léger… Mon directeur informatique ne s'en était pas aperçu. La démo était donc probante. Et moi je jubilai, totalement satisfait que les équipes d'Eidos aient utilisé intelligemment la puissance d'Ajax pour leur interface.

Pour moi le choix était fait. Restait à convaincre la direction du journal, et puis à trouver les fonds nécessaires.

Aujourd'hui Libération est sur le point de s'équiper de Méthode. Avec des PC. (parceque les unités centrales sont tout de même moins chères). Ou alors avec des MacIntel?

Une révolution de plus.

Mais attention, Méthode n'est pas fait pour tout le monde. Pas pour toutes les publications. Le système est cher, dédié aux multi-éditions, et il existe bien d'autres systèmes de publication bien plus faciles à mettre en place.

Je vous en parle quand vous voulez!

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