Les éditorialistes de la presse nationale et régionale créditent Nicolas Sarkozy d'une certaine habileté dans l'élaboration d'un "séduisant" gouvernement Fillon, principalement marqué par son "ouverture" et sa "parité".
"Sarkozy choisit l'ouverture et la parité" écrit le Monde en soulignant que Bernard Kouchner, Hervé Morin, Jean-Pierre Jouyet et Martin Hirch incarnent "la volonté d'élargissement". Avec de "telles prises qui privent le PS et l'UDF, de l'argument du –rééquilibrage– législatif, la droite devrait ramener des députés à plein filet", pronostique Alexis Brézet dans Le Figaro. Leur arrivée au coeur du dispositif gouvernemental, "a sacrément de la gueule", se félicite Pierre Taribo dans l'Est Républicain. "Le débauchage de quelques ego en déshérence n'en relève pas moins de la belle ouvrage", reconnaît Renaud Dély dans Libération. Mais attention, prévient Olivier Picard (Les Dernières Nouvelles d'Alsace) car "si l'anticonformisme qui a présidé à sa formation est sympathique, il n'est pas gratuit : il permet de dépouiller un peu plus Bayrou et de gêner la gauche sans pour autant redistribuer clairement les cartes". D'ailleurs, à droite, certains s'interrogent sur l'opportunité d'attribuer des postes majeurs aux adversaires de la veille. "Finalement, il y a peu de sarkozistes pur jus dans ce gouvernement", constate Le Journal de la Haute-Marne sous la plume de Patrice Chabanet. L'Union (Hervé Chabaud) revient sur l'autre caractéristique de ce gouvernement Fillon: "C'est la parité par les actes et plus seulement par les mots". Cette équipe est la première à compter autant de femmes ministres, souligne-t-il. Mais le meilleur "coup" de Sarkozy, pour Jacques Guyon, aura précisément été de choisir de faire de Rachida Dati, non pas un alibi commode dans son gouvernement, mais le nouveau garde des sceaux. "Et ça, c'est un vrai acte politique", déclare-t-il dans La Charente libre. Pour Christine Clerc (Le Télégramme), "le cas Dati illustre l'habileté manoeuvrière du nouveau président qui coupe l'herbe sous le pied de l'opposition". "La gauche, en effet, ne peut guère se vanter d'avoir promu les représentants des minorités", écrit-elle. "La politique spectacle, même hyperprofessionnalisée, trouvera ses limites", prédit pour sa part l'Humanité. "Matignon fait désormais clairement figure d'adjoint du chef de l'Etat, qui devient le seul et unique chef de la majorité", affirme Pierre Laurent. En conclusion Olivier Picard dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace s'interroge: "Ce quinze séduisant sera-t-il l'instrument d'un train de réformes préformatées conduit à marche forcée ou le laboratoire d'une nouvelle France ? Comme dirait notre Premier ministre anglophone: wait and see."
(AFP)