La Société des journalistes du Journal du Dimanche (JDD) s'est adressée dimanche aux lecteurs du journal, revenant sur "l'ingérence" dont ils ont fait l'objet selon eux le 13 mai.
Ce court texte est situé en préambule d'une tribune de Dominique Wolton sur la liberté de la presse.
Le JDD avait renoncé dimanche dernier à publier un article révélant, après enquête d'un de ses journalistes, que Cécilia Sarkozy, nouvelle première dame de France, n'avait pas voté au second tour de l'élection présidentielle le 6 mai.
Une non publication liée, selon la Société des journalistes, à une intervention d'Arnaud Lagardère, patron du groupe propriétaire du journal.
Le texte signé de la Société des journalistes du JDD rappelle l'"ingérence qui a gravement nui à l'indépendance et à la crédibilité de notre journal comme de ses journalistes".
La Société des journalistes évoque également le cas des journalistes ayant rejoint l'Elysée ou Matignon, "semant un peu plus le doute sur la frontière censée séparer la sphère médiatique des allées du pouvoir, politique ou économique".
Pour "tirer les leçons de ces deux épisodes", les journalistes du JDD "ont souhaité donner la parole" à Dominique Wolton, directeur de l'Institut des sciences de la communication du CNRS, qui affirme que "la presse doit plus que jamais rester un contre-pouvoir".
"Dans les démocraties médiatisées, chacun doit rester à sa place", écrit le chercheur (…) le pire est la confusion des genres qui se traduit par une seule résultante, la perte de confiance des opinions publiques". "Défendre la liberté d'expression (…) est un combat qui est loin d'être terminé", conclut-il.
Les journalistes de l'hebdomadaire avaient adressé mardi dernier une lettre ouverte à Arnaud Lagardère.
(AFP le 20/05/07 à 11h17)
Créateur et rédacteur en chef de L'Observatoire des Médias. Journaliste, consultant. Conseil strat. digitale. Intervenant : ESJ-CFPJ-IPJ-CELSA. Ex Libé, LePost.fr.
Comment ne pas remarquer une fois de plus, combien des postures morales de principe entrent en conflit direct avec les recommandations « sociéto-économiques » du moment : « Durant votre vie professionnelle, attendez-vous à changer plusieurs fois de profession ; restez flexibles et adaptables… »
Les journalistes qui entrent en politique appliquent à la lettre ces recommandations et ce d’autant plus que pour beaucoup de personnes, la politique est perçue comme un métier.
La question initiale n’est-elle pas de redéfinir la sphère du « professionnel » et celle d’un « militantisme » ou « sacerdoce » sociaux encore à inventer ?
Je note aussi la dichotomie établie par Dominique Wolton entre les pouvoirs politiques OU économiques. La proximité syntaxique est assez révélatrice de l’équanimité établie dans les esprits. Ce OU est-il inclusif ou exclusif ? Les modèles en place laissent penser que la première solution est la bonne.
Difficile, dès lors, de faire jouer un jugement moral qui n’a plus de prise sur des catégories floues.