Un sondage effectué par Harris Interactive auprès de plus de 8000 adultes aux Etats-Unis, en Australie et dans cinq pays européens et publié le 11 juin dernier donne un nouvel aperçu de l’agonie des journaux. Au-delà de la diminution générale du lectorat, cette étude a demandé aux sondés leur opinion sur ce qui ne va pas dans la presse.
Là, les Français se distinguent. Si leurs raisons pour ne pas lire le journal sont relativement semblables à celles de leurs voisins, puisqu’ils citent en premier lieu le manque de temps et la facilité avec laquelle ils peuvent accéder à l’info sur le web, leurs critiques diffèrent sensiblement. Les Espagnols et les Britanniques critiquent par exemple le biais systématique de leurs publications. Environ la moitié des Britanniques et des Australiens les considèrent comme n’étant pas assez crédibles.
Les trois points mis en valeur sur le graph ci-dessus montrent que les Français restent très tendres avec leur presse, quand bien même le reste du monde ne la considère pas comme un modèle de probité. Quand on leur demande ce qui pourrait améliorer la qualité de leurs journaux, les Français, avec les Britanniques, sont même ceux qui approuvent le moins les solutions proposées.
Malgré cet éloge, les Français achètent moins de journaux que tous les autres pays étudiés par Harris, avec 26% de lecteurs quotidiens contre une moyenne de 39% ailleurs. Un tel décalage pousse à croire que soit les lecteurs français se contentent de ce qu’ils ont et que le reste de la population n’est pas intéressée par la presse, comme ne le montre pas le succès des gratuits, soit il existe une profonde conviction que la presse française ne peut pas changer.
Le refus de critiquer de la part des sondés montre que l’on n’ose pas ou que l’on ne pense pas à dire du mal de la presse. Elle est trop institutionnalisée, trop inaccessible et trop lointaine pour qu’il vienne nous vienne à l’idée qu’il pourrait en être autrement.
Nicolas Kayser-Bril est étudiant en économie des médias. Il blogue sur Window on the Media et prépare actuellement une étude des médias postsoviétiques avec le projet Vostok2.0
Ce résultats sont sans doute à mettre en lien avec la diffusion ridicule des grand titres de la presse nationale par rapport au autre pays. le corollaire de cette faible diffusion pourrait être la qualité réelle de cette presse qui est celle qui est instinctivement prise en compte, plus que la PQR ou les gratuits encore trop récents pour que tout le monde ait un avis argumenté dessus.Mais cette qualité supposée n’est qu’une hypothèse, un critère subjectif. C’est évidemment parce qu’ils ne la lisent pas et que les titres de presse sont cités sur les autres médias comme des cautions que les français ont à priori une bonne opinion de celle-ci.