L'annonce-surprise de Fimalac pour Les Echos à hauteur de 245 millions d'euros a fait beaucoup couler d'encre dans la presse. Il faut dire, la mariée est belle, le groupe Les Echos comprend, le journal qui diffuse à 137.000 exemplaires ( source OJD 2006), le mensuel « Enjeux les Echos » ( diffusé à 135 000 ex ) des sites Internet et une société d'organisation de salons et d'événements. Le groupe a dégagé en 2006 un bénéfice d'exploitation de 10 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 126 millions et emploie près de 500 personnes. Les rédacteurs des Echos ont plébiscité cette nouvelle offre : elle a reçu 190 voix et un vote blanc, lors du scrutin secret qui s'est tenu après l'assemblée générale du groupe.
Ce nouvel arrivant a en effet tout pour plaire. L'offre de Fimalac répond aux attentes des rédacteurs des échos :
- Un prix élevé : 245 millions soit 5 de plus que la proposition de Bernard Arnault
- Un maintien des emplois car il n'y aura pas d'économies d'échelle comme les salariés pouvaient le craindre avec LVMH et « la Tribune »
- Une garantie de l'indépendance éditoriale : le directeur étant nommé sur proposition de Fimalac avec l'approbation d'au moins 55% des votes exprimés par les journalistes.
Le suspens est donc relancé sur le rachat des Echos. Bernard Arnault se retrouve alors en simple challenger avec une proposition inférieure à celle de Fimalac. Néanmoins, si Pearson choisissait Fimalac, ils seraient alors dans l'obligation d'indemniser LVMH qui est actuellement en négociation exclusive avec eux.
Les rédacteurs des échos se réjouissent de cette arrivée opportune de Fimalac qui les sauverait de LVMH dont ils craignent des conflits d'intérêts avec le groupe.
Aujourd'hui il contrôle et préside dans ce secteur la revue des mondes et garde une petite participation au sein du quotidien Le Monde .
En observant le conseil d'administration du groupe Fimalac, on remarque que Marc Ladreit de Lacharrière n'est pas le seul à avoir une expérience dans les médias. Un de ses camarades de promotion de L'ENA, Etienne Pflimlin en fait partie également. Fils de l'ancien ministre Pierre Pflimlin, Etienne Pflimlin est l'actuel président du groupe Crédit mutuel centre Est Europe-CIC. Au travers du Crédit mutuel, il a des participations dans certains medias :
- 80% du groupe l'Alsace / le Pays: journal l'Alsace;
- 49% de EBRA : L'Est Républicain, les dernières nouvelles d'Alsace, le Dauphiné libéré, le progrès de Lyon, le Bien public, La liberté de l'Est, Le journal de la Haute-Marne et le Journal de Saône et Loire;
- 50% de NRJ mobile;
- 100% du journal le Républicain Lorrain;
- 5% de TV Rennes;
- 9% de Sofiouest;
Etienne Pflimlin est également administrateur externe du conseil de surveillance du Monde et président de la société le Monde Entreprises.
Au final, Pearson se retrouve face à un choix : soit ils donnent les clés à Bernard Arnault dont les rédacteurs craignent des interventions dans la rédaction et qui sera dans une situation temporairement monopolistique ( jusqu'à la revente de la Tribune ) soit ils revendent le journal à un groupe qui souhaite (discrètement) accroître son pouvoir dans les Medias. L'offre de Fimalac ne pourra pas être étudiée avant la fin de l'exclusivité qui lie Bernard Arnault et le propriétaire des Echos. Le PDG de LVMH a confirmé sa volonté de rachat des Echos malgré cette contre proposition. À mon avis, tout dépendra de l'indemnité que devra verser Pearson à LVMH. Si le montant n'est pas trop élevé, ils préfèreront sans doute Marc Ladreit de Lacharrière à Bernard Arnault. L'offre de Fimalac court jusqu'au 31 décembre. La rédaction des échos sera alors satisfaite et le PDG du Crédit Mutuel augmentera encore sa présence dans les medias….