L'Observatoire des médias

Les Échos: Le chevalier blanc n’est pas si clair

L'annonce-surprise de Fimalac pour Les Echos à hauteur de 245 millions d'euros a fait beaucoup couler d'encre dans la presse. Il faut dire, la mariée est belle, le groupe Les Echos comprend, le journal qui diffuse à 137.000 exemplaires ( source OJD 2006), le mensuel « Enjeux les Echos » ( diffusé à 135 000 ex ) des sites Internet et une société d'organisation de salons et d'événements. Le groupe a dégagé en 2006 un bénéfice d'exploitation de 10 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 126 millions et emploie près de 500 personnes. Les rédacteurs des Echos ont plébiscité cette nouvelle offre : elle a reçu 190 voix et un vote blanc, lors du scrutin secret qui s'est tenu après l'assemblée générale du groupe.

Ce nouvel arrivant a en effet tout pour plaire. L'offre de Fimalac répond aux attentes des rédacteurs des échos :

Le suspens est donc relancé sur le rachat des Echos. Bernard Arnault se retrouve alors en simple challenger avec une proposition inférieure à celle de Fimalac. Néanmoins, si Pearson choisissait Fimalac, ils seraient alors dans l'obligation d'indemniser LVMH qui est actuellement en négociation exclusive avec eux.

Les rédacteurs des échos se réjouissent de cette arrivée opportune de Fimalac qui les sauverait de LVMH dont ils craignent des conflits d'intérêts avec le groupe.

Chevalier blanc Echos fimalacFimalac, groupe français de services financiers, créateur de l'agence de notation Fitch semble donc le candidat idéal. D'autant que le PDG, Marc Ladreit de Lacharrière n'est pas un nouvel entrant dans le monde des Medias. Il a créé lorsqu'il était encore étudiant le magazine « Mademoiselle », précurseur de « Mademoiselle âge tendre » de Filipacchi. Il a joué également un rôle actif dans le groupe Valmonde (Valeurs Actuelles, le Journal des Finances, et Le Spectacle du monde) et dans groupe l'Expansion dont il a détenu un moment 10 %.
Aujourd'hui il contrôle et préside dans ce secteur la revue des mondes et garde une petite participation au sein du quotidien Le Monde .
En observant le conseil d'administration du groupe Fimalac, on remarque que Marc Ladreit de Lacharrière n'est pas le seul à avoir une expérience dans les médias. Un de ses camarades de promotion de L'ENA, Etienne Pflimlin en fait partie également. Fils de l'ancien ministre Pierre Pflimlin, Etienne Pflimlin est l'actuel président du groupe Crédit mutuel centre Est Europe-CIC. Au travers du Crédit mutuel, il a des participations dans certains medias :

Etienne Pflimlin est également administrateur externe du conseil de surveillance du Monde et président de la société le Monde Entreprises.

Au final, Pearson se retrouve face à un choix : soit ils donnent les clés à Bernard Arnault dont les rédacteurs craignent des interventions dans la rédaction et qui sera dans une situation temporairement monopolistique ( jusqu'à la revente de la Tribune ) soit ils revendent le journal à un groupe qui souhaite (discrètement) accroître son pouvoir dans les Medias. L'offre de Fimalac ne pourra pas être étudiée avant la fin de l'exclusivité qui lie Bernard Arnault et le propriétaire des Echos. Le PDG de LVMH a confirmé sa volonté de rachat des Echos malgré cette contre proposition. À mon avis, tout dépendra de l'indemnité que devra verser Pearson à LVMH. Si le montant n'est pas trop élevé, ils préfèreront sans doute Marc Ladreit de Lacharrière à Bernard Arnault. L'offre de Fimalac court jusqu'au 31 décembre. La rédaction des échos sera alors satisfaite et le PDG du Crédit Mutuel augmentera encore sa présence dans les medias….

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