La technique a été mise au point par le Jerusalem Post. Dans une région pareille, les visiteurs avaient matière à argumenter. Le site se retrouvait vite avec des centaines de commentaires, donc des milliers de pages vues. Constatez-le vous-même avec un extrait des 350 commentaires d’un édito de Haaretz, sur votre droite.
Cette époque bénie, où les trolls verveux étaient invités sur des sites sérieux, est révolue, comme l’a écrit Patrice d’Arras. Désormais, les visiteurs vont devoir rester sur le site le plus longtemps possible. Autrement dit, il faudra leur faire lire les commentaires.
La tâche se complique pour les éditeurs web. Comment produire des commentaires qui ajoutent de la valeur aux articles ?
Rue89 a mis au point un système de notation des qui rehausse les commentaires les plus appréciés. Pourtant, deux mois après, certains articles se sont transformés en forums, avec leurs lots de trolls, de je-sais-touts et d’avanies. Du coup, celui qui avait quelque chose à dire se retrouve perdu au milieu du flot et passe inaperçu.
La modération à priori ressemble à une solution. Mais elle donne un pouvoir disproportionné aux modérateurs. Là où je travaille en ce moment, les quatre modératrices ont tendance à ne pas laisser de place aux voix qui s’éloignent de la ligne du journal. On comprend qu’elles préfèrent prendre le risque de ne pas publier de réponse pertinente plutôt que celui de se faire engueuler par les chefs.
En plus, les Français ne peuvent pas délocaliser la modération à Bangalore, ce qui amène le coût du com’ publié aux alentours de €1 (*). Est-ce qu’il les vaut ?
La BBC, qui domine largement son marché, n’a jamais introduit les commentaires dans les articles. Un exemple à suivre ?
* Avec comme variables un coût du travail à 10€ de l’heure, 80 com’ traités par heure et 10% de com’ publiés. Chiffres complètements aléatoires, j’en conviens.