L'envoyé spécial de l'OdM essaye de socialiser sur Club Penguin |
Disney a racheté Club Penguin le 2 aout dernier et la nouvelle est passée complètement inaperçue, comme le dit Tony Hung. Le prix devrait pourtant attirer l’attention. En déboursant $700m, Mickey fait mieux que Murdoch, qui s’était offert MySpace pour $580m.
Club Penguin, lancé il y a deux ans, est un espace tout en Flash où des millions de marmots socialisent gentiment. Les penguins virtuels ont beau rester tout nus, impossible pour les polissons de profiter de l’intimité des igloos. Les modérateurs veillent et les parents peuvent raquer tranquilles.
L’entreprise canadienne compte aujourd’hui plus de 700 000 membres payant cinq dollar par mois pour pouvoir habiller l’avatar et décorer son igloo. De quoi faire saliver Disney, d’autant plus que la rentabilité tourne autour de 50%.
Mais les raisons de ce rachat dépassent largement les ratios financiers. La génération qui arrive n’envoie déjà pratiquement plus d’e-mails, préférant communiquer sur les réseaux sociaux et par messagerie instantanée.
MTV et Microsoft ont mené une étude sur les relations sociales des jeunes britanniques. Ils ont répondu avoir en moyenne cinquante amis, parmi lesquels seize étaient online-only. En gros, un tiers des relations sociales des 14-24 ans se font exclusivement en ligne.
Pour la génération suivante, les 8-14 ans, cible de Club Penguin, la vie sociale se déroulera principalement sur internet, au sein des frontières rassurantes des sites spécialisés.
A la fois réseau social, monde virtuel et cour de récré, Club Penguin représente le futur du web. C’est ce potentiel que Disney achète, déboursant finalement beaucoup moins que les $6 Mds que certains sont prêts à payer pour Facebook.
Nicolas Kayser-Bril est étudiant en économie des médias. Il blogue sur Window on the Media et prépare actuellement une étude des médias postsoviétiques avec le projet Vostok2.0