Le Wikiscanner de Virgil Griffith a permis de révéler de jolies manipulations de l’encyclopédie en ligne. Son utilisation sur les sites français fait apparaître quelques perles :
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Le MINEFI redéfinit les pôles de compétitivité en en faisant disparaître la critique et sucre un paragraphe sur l’appartement de fonction de Copé.
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Un cireur de pompe au ministère de l’éducation nationale aseptise les démêlés de Darcos avec la justice
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TF1 écrase une polémique sur le site web de sa filiale JET
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Un employé d’Air France écrit que « l’idée d’une fusion avec Alitalia est abandonnée” (c’est pas vrai)
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Aéroports de Paris passe un coup de baguette magique sur ADP et les nuisances aériennes, qui deviennent ADP et l’environnent et efface les retards de construction
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La Mairie de Levallois blanchit Balkany de son palmarès de corrupteur (un million d’euros, quand même) et supprime la référence au canular téléphonique des Yes Men, lors duquel il avait affirmé que « les pauvres vivaient très bien ». Avec plus de cent modifications concernant la ville et son maire, Levallois est l’organisation qui manipule le plus Wikipédia. Bravo ! Qui a dit que la fonction publique n’était pas au top des nouvelles technologies ?
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La Mairie de Marseille fait oublier les déboires électoraux de Renaud Muselier ainsi que le soutien du FN à Jean-Claude Gaudin
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La Mairie d’Asnières fait disparaitre le lien vers l’Association de Défense des Contribuables Asniérois
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La mairie de Mantes-la-Jolie n’aime pas que l’on parle de la religion de ses habitants [en anglais]
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Le conseil général de l’Hérault rattrape les bourdes de Georges Frêche, notamment celle où il espérait que Benoit XVI fût « meilleur que l’autre abruti »
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La Communauté Urbaine de Strasbourg s’efforce de faire briller la page de Fabienne Keller, en la dépouillant par exemple des déboires de sa majorité
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Une note d’optimisme pour terminer. Un(e) employé(e) de l’Assemblée Nationale travaille d’arrache-pied pour actualiser les pages des députés, qu’ils soient de droite ou de gauche. Pourquoi dans ce cas conserver l’anonymat? Par crainte des réactions de la hiérarchie? [Update: L’utilisateur de cette IP a parfois dévié de cette belle objectivité, en remplaçant notamment la biographie de Jack Lang par un Formidable! qui ne manque pas d’humour. Merci au commentaire de martin]
L’encyclopédie en ligne permet de mener gratuitement des campagnes de relations publiques, même si les exemples ci-dessus émanent le plus souvent de geeks qui s’ennuient au boulot plutôt que du département communication.
Le potentiel de ces coups de spin peut être encore plus grand. Balancer une fausse info comme l’a fait cet employé d’Air France peut avoir de sérieuses conséquences sur les marchés financiers. Imaginez : Vous publiez une info bidon sur Wikipédia, genre une prévision de résultats en baisse. L’action baisse, vous achetez. Le hoax est découvert, l’action remonte et vous revendez le tout avec un joli profit à la clé. Moins cher et moins illégal qu’un délit d’initié !
Le web collaboratif n’est cependant pas à la source de ces erreurs, plus ou moins intentionnelles. Apple a connu quelques déboires suite à une bourde d’Engadget en mai dernier. La palme revient quand même à Reuters, qui arrive, tous les ans, à bluffer les médias du monde entier avec des infos pour le moins chimériques.