Le Media Guardian résume dans un article la victoire de Westminster sur les éditeurs de gratuits. Cette commune du centre de Londres avait menacé les deux gratuits du soir, thelondonpaper (Murdoch) et London Lite (Associated Newspaper) de limiter sérieusement leur diffusion s'ils ne mettaient pas en place un système de recyclage.
Au final, un accord a été trouvé aux termes duquel chaque éditeur devra installer et opérer une quarantaine de poubelles sélectives.
A Paris, la RATP prend, elle aussi, le problème a cœur. Surtout son équipe de com', qui a réalisé une prouesse de langue de bois sur le blog officiel de la régie :
Actuellement, plusieurs solutions peuvent être envisagées mais comme le phénomène est nouveau, le champ est encore très ouvert. Ce que l'on peut déjà dire, c'est que la solution passera par l'implication de tous, l'adoption de comportements citoyens et en particulier le tri sélectif.
Une taxe, supervisée par EcoFolio, existe pourtant pour les distributeurs de prospectus, mais la presse en est exemptée.
Pourquoi les municipalités françaises envahies par les gratuits n'emploient-elles pas la manière forte pour responsabiliser Schibsted, Metro, Bolloré et consorts ? A la louche, plus de 45.000 tonnes de papier sont distribuées gratuitement tous les ans. Avec un cours qui tourne autour de 100€ la tonne de papier à valoriser, ça donne une perte sociale de €4,5m, à laquelle il faut ajouter le coût du ramassage et du traitement dans le circuit traditionnel. Les collectivités ont tout intérêt à mettre en place un système de collecte et Westminster a prouvé qu'en montrant un peu les dents on pouvait forcer les éditeurs à le financer.
Trop lourd pour Schibsted. Photo: Telstar Logistics. |
A Londres, les éditeurs payeront chacun €150.000 par an pour le traitement quelques centaines de milliers d'exemplaires quotidiens. Le chiffre correspond aux profits opérationnels dégagés par 20 Minutes au second trimestre. Si un système équivalent était mis en place dans toute la France, le groupe ne pourrait pas suivre financièrement.
La pérennité du modèle économique des journaux gratuits pourrait bien être remise en cause si le coût de cette externalité était répercuté sur les éditeurs.