L'Observatoire des médias

Les règles du jeu

Un futur cadeau d'entreprise du journal?

Au célèbre jeu des rachats, des fusions et des acquisitions … C’est au tour du Groupe prestigieux LVMH de faire parler de lui. Ou plutôt des journalistes et salariés du groupe, Les Echos qui, nettement opposés au rachat hostile du groupe par le très fortuné Bernard Arnault, ont décidé de se faire entendre. Ainsi, dans Les Echos daté du jeudi 30 août, tout lecteur, aussi fidèle soit il, découvrira une lettre ouverte aux participants de l’université d’été du MEDEF. Cette année, jouons le jeu comme le dit Laurence Parisot, patronne du mouvement. Aux Echos, on ne l’entend pas de cette oreille. Les journalistes et salariés sont clairement contre cette règle qu’on leur impose et dénonce M. Arnault de ne pas jouer le jeu …

Et, c’est en ces termes, « vous, cadres » et « vous, lecteurs », qu’ils affirment leur mécontentement, rassemblant sur un même un terrain chaque acteur de cette véritable crise. Car, ce n’est pas uniquement de la protection du travail des journalistes qu’il s’agit là, ni de leurs intérêts personnels, mais bien d’une question de démocratie, invitant tout un chacun à se poser cette ultime question, polémique mais de plus en plus courante : pourquoi le rachat des Echos, groupe de médias français, par LVMH, groupe industriel français à succès ?

Mais, qu’est ce que Les Echos après tout pour un géant du business ? C’est la diffusion d’un journal tiré à plus de 137 000 exemplaires, un mensuel Les Enjeux des Echos, des sites internet, une société d’organisation de salons et d’évènements… De bien piètres revenus pour un groupe industriel tel que LVMH. Ce rachat ne semble alors plus entrer dans une logique capitaliste de marché. Cependant, Le journal a ce prestige d’être aujourd’hui le premier journal économique national. Les Echos, c’est une plateforme de diffusion d’idées et d’influence inespérée, un média qui plus est d’informations économiques. Ou, autrement dit, un pouvoir supplémentaire sur les scènes médiatique et économique françaises. Cela, chacun le sait évidemment. Ce que Les Echos attendent de M. Arnault, c’est un aveu. Voilà en quoi, aux yeux des salariés, les pratiques de M. Arnault relèvent davantage de la tricherie.

Appartenant actuellement au groupe d’édition anglais Pearson, jamais Les Echos n’ont eu à se soucier d’éventuelles pertes d’autonomie face à l’argent du capital. Quelques grèves il y a de ça un siècle, alors que les journalistes craignaient pour leur liberté d’expression. Mais aujourd’hui, le problème semble prendre une autre tournure. On ne parle plus de survie économique du quotidien, mais bien de la survie de la qualité du journal, tant appréciée des lecteurs.

Pour les employés des Echos, le quotidien se veut indépendant et libre d’expression, un journal qui ne veut pas d’un patron omniprésent, un big brother, prêt à tout pour asseoir sa toute puissance sur le dos de ses nouveaux potentiels employés. On veut une information de qualité, fiable et non biaisée par un quelconque jeu d’influence patronale.

Vincent Bolloré était lui aussi intéressé par le dossier

Pour l’heure, un autre concurrent est en ligne face au groupe LVMH. Il s’agit du groupe Fimalac, dont le principal actif est une agence de notation. L’enjeu est de mise puisque le PDG, Marc Ladreit, possède certaines expériences dans le domaine des médias et va jusqu’à proposer 5 Millions d’Euros de plus que son adversaire pour le rachat du groupe Les Echos. Les Echos aux enchères pourrait-on dire… N’en déplaise au x salariés des Echos, Pearson est en négociation exclusive avec LVMH et traite déjà de l’éventuelle future indemnité versée à Fimalac. Mais, pour les journalistes et salariés des Echos, rien n’est encore joué !

Cadres et patrons du MEDEF, c ’est à vous que Les Echos s ’adressent par cette lettre, comme un ultime frein à cette nouvelle pandémie mondiale. Entre les deux potentiels acquéreurs, ils sembleraient q ue les journalistes et salariés aient déjà fait leur choix. La décision ne tient plus seule ment au patron du groupe Pearson, mais aux patrons en général, tenant entre leurs mains ce pouvoir de d écision, décidément si convoité.

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