Alors que la controverse autour des méthodes du maire d’Argenteuil battait son plein, le Parisien publiait en une le 28 aout dernier un cliché de deux SDF. Or il se trouve qu’un photographe, Jim Sumkay, venait de passer deux semaines à Argenteuil et avait pris la photo de ces mêmes sans-abris (merci Jean-Marc).
D’un côté, un journaliste photographie deux pochetrons. De l’autre, un artiste engagé réalise un portrait plein d’humanité.
La mission de la presse pour les consommateurs passe de plus en plus par l’analyse et l’explication de l’actualité. Le web pour les infos, le papier pour le background, c’est la recette qui marche. C’est pas moi qui le dis, c’est Juan Antonio Giner.
Par ailleurs, la presse reste le meilleur média pour la diffusion de photos. Les éditeurs devraient donc être particulièrement méticuleux lorsqu’ils choisissent leurs clichés. Et puisqu’ils n’ont plus à travailler dans l’urgence, les journaux peuvent explorer de nouvelles manières d’obtenir ces images (un indice: Flickr).
Un reportage à Argenteuil ? Vérifiez d’abord si un photographe n’est pas passé par là, vous y gagnerez en temps, en qualité et en argent.
Nicolas Kayser-Bril est étudiant en économie des médias. Il blogue sur Window on the Media et prépare actuellement une étude des médias postsoviétiques avec le projet Vostok2.0
Complètement d’accord
Nicolas,
Je suis l’artiste photographe que vous citez.
Vous avez bien reçu mon accord pour la parution de celle-ci.
Cependant :
a) La photo du Parisien a été recadrée, et la mienne aussi, par vos soins, et sans l’accord de leurs auteurs : Si c’est monnaie courante et tacitement admis pour une photo de presse, il n’en est pas de même pour une photo d’artiste.
b) Vous tombez dans le piège d’opposer les deux démarches, alors qu’elles sont complémentaires. L’une et l’autre reflètent une réalité. La première, celle de l’illustration de l’actualité faite en urgence, par un photographe (et non semble-t-il par un journaliste à qui le regard des SDF s’adresse) ; la seconde est le produit d’un état des lieux d’un séjour fait d’observation, d’improvisation et, parfois de dialogue.
c) N’oublions pas qu’un portrait reflète autant l’état d’âme du modèle que celui du photographe. A un autre moment, j’aurais pu capter là un regard trouble, une misère dans l’attitude (résultant aussi de ma propre induction); inversément, ce journaliste eût pu extraire, dans une autre occurrence, l’humanité de ces deux hommes, mais :
d) Si je trouve mon cliché instisfaisant (pour des raisons tecnhiques, artistiques, morales, …), je ne la conserve pas, et il n’y aura personne à m’en faire le reproche. Il n’en est pas de même pour le photographe de presse, qui a des comptes à rendre, et une famille à nourrir…
Bien à vous,
Jim Sumkay.
Judicieuse précision apportée par Jim Sumkay!
La différence est indispensable !
J’espère que le photographe de presse pris dans le tourbillon de sa vie de reporter aura au moins le temps de le lire.
excusez l’othographe!
JUDICIEUSE PRECISION APPORTEE PAR JIM SUMKAY .
LA DIFFERENCE EST INDISPENSABLE A FAIRE
J’ESPERE QUE LE PHOTOGRAPHE DE PRESSE PRIS DANS LE TOURBILLON DE SA VIE DE REPORTER AURA AU MOINS TROUVE LE TEMPS DE LA LIRE
Jim aussi a une famille à nourrir non ? S’il jette toutes ses photos, il n’y aura pas beaucoup de sous pour la rentrée scolaire… Je suis totalement d’accord avec le papier d’humeur de Kayzer-Bril. L’urgence est toujours une excuse facile pour les mauvais journalistes (« désolé, j’ai écris n’importe quoi parce que j’avais une famille à nourrir et j’étais dans l’urgence). Un photographe de presse est aussi un journaliste et un journaliste a aussi une responsabilité, surtout par les temps qui courent. Une photo raconte une histoire. C’est un point de vue éditorial, un parti pris. Le choix n’est pas innocent. Le journaliste photographe est-il formé à faire de la caricature (les SDF sont tous des pochetrons) ? Ou conditionné par des réflexes bien pensants (salauds de pauvres !).
Bon je vous laisse, j’ai une famille à nourrir aussi.
JR
Je ne suis pas photographe, mais je suis journaliste. Et, tout comme je n’aimerais pas qu’on taille dans mes papiers, il ne me semble pas normal que l’on recadre les photos d’un photographe.
Dans la presse régionale pour laquelle je travaille, il est effectivement monnaire courante de pratiquer le recadrage… mais il faut aussi dire que les photos ne sont que très rarement faites par des photographes: ce sont les «écrivants» qui, parce qu’on a viré leurs collègues «imageurs» au fil du temps, n’ont d’autre choix que de les faire, sans formation pour ça, et parfois sans envie. Il arrive alors qu’un recadrage améliore sensiblement le cliché.
Question qui, il me semble, ne doit pas se poser avec un journaliste-photographe, qui maîtrise son sujet et ne cadre pas au hasard (c’est un métier). Sans son accord, on ne recadre pas. Ce que je dis là n’est cependant qu’une position de principe de ma part, mais si quelqu’un en sait plus sur la pratique, son éclairage est le bienvenu.
Par ailleurs, il manque quelque chose pour bien comprendre l’opposition qui est faite entre la photo de Jim et celle publiée par Le Parisien. Jim est photographe, il construit son discours en mariant des images entre elles, parfois en en extrayant une d’une série. Le Parisien publie des articles, illustrés par des photos qui elles-mêmes sont légendées. Je suis comme vous tous ici: à première vue la photo du Parisien me fait l’effet de peu de respect, celle de Jim est empreinte d’humanité. Mais je ne tirerai pas de conclusion définitive sur celle du Parisien sans en connaître au moins la légende (et en imaginant que celle-ci ne trahit pas la volonté du photographe, ce qui est encore un autre sous-débat).
Au niveau de l’éthique, vous auriez dû demander à l’artiste si vous pouviez modifier son ‘oeuvre’. Personnellement, je vous aurais répondu par la négative, car aucune des milliers d’images figurant sur le site de mes reportages quotidiens n’a été recadrée.
D’autre part, vous donnez par la pratique une réponse à une de vos interrogations : pourquoi un photographe de presse s’appliquerait-il à faire une photo de qualité puisqu’en aval on peut la modifier ? Mais il en est sans doute (bonjour Loïc) de même pour le rédactionnel : ne jetons pas non plus la pierre au journaliste découragé de voir ses textes amputés.
En recadrant ainsi les images (surtout celle du Parisien) dans vos colonnes, c’est vous qui tombez dans le mensonge journalistique (bienveillantes italiques) pour illustrer votre thèse, puisque vous comparez deux images qui ne sont pas les deux images originelles, format y compris.
Bonjour à tous,
Quelques précisions tout d’abord sur le contexte du rapprochement de ces deux photos.
J’ai servi de « chauffeuse-accompagnatrice » à Jim lors de certaines de ses déambulations dans les Hauts-de-seine. J’étais là quand Jim a pris cette photo, un peu loin pour pas interférer, mais bon….Jim prend son temps, non pas comme un chasseur à l’affût, mais plutôt en guetteur avisé. Si ses photos sont pleines d’humaniteé, c’est tout simplement qu’il apprivoise l’humain souvent bien sauvage lorsqu’il se trouve dans la ligne de mire de l’objectif.Avec Jim le temps de causer rime avec le temps de pause.
Lorsque 15 jours plus tard je suis tombée sur la une du Parisien cela a été effectivement un choc. je crois que toutes les arguments avancés sont techniquement instructifs. Cela dit je voudrais préciser ce qui a motivé mon envoi:
Pour une société qui est, paraît-il, régie par l’image, je trouve que l’image est encore très assujettie au logos. Alors, puisqu’il est beaucoup question de cadre dans ces colonnes, moi, ce qui m’a parlé dans l’association de ces deux photos, c’est qu’il ya d’une part des personnes qui fuient le cadre et d’autre part ces mêmes personnes qui entrent dans le cadre et qui invitent….Unité de lieu, de temps (de pose)…Et puis plein d’autres choses…
Je ne suis pas journaliste, ni rédactrice, ni photographe, mais enfin, Gilles Deleuze a bien écrit de très belles pages à partir des peintures de Francis Bacon. Je ne vois pas pourquoi les photos de Jim Sumkay ne susciteraient pas des articles de fond dans la presse écrite.
En ce sens, je réitère mon adhésion aux propos de Nicolas.
Messieurs-dames de la presse écrite et du net des images fortes et entières des articles itou, on veut bien prendre le temps de goûter à cela , et de le partager. Encore faudrait-il que….
Aller, pour les méritants qui m’ont lue jusqu’au bout, la légende du Parisien était:
Les maires cherchent à expulser les SDF/ BANNIS / Sécurité. L’utilisation d’un produit nauséabond pour éloigner les SDF du centre-ville d’Argenteuil soulève une vive polémique. A six mois des municipales, des élus locaux rivalisent « d’idées » pour, disent-ils, assurer la « tranquilité » des riverains.
Bof! Moi j’voudrais bien lire autre chose
Enfin, je reçois NO COMMENT tous les jours alors je n’ai pas trop à me plaindre.
Mouais,
je pense que Le Parisien a réalisé un choix éditorial conscient en publiant l’image un peu trash de deux pochetrons.
Question de ligne éditoriale…
@ Jim Sumkay, même recadrée votre photo est superbe (c’est juste un avis au passage, et je comprend aussi votre sensibilité d’auteur).
slt mercie pour eux.. la manipulation par limage rend les gents steril. on devres les juger se qui publi cette desinformation perveres
mercie d avoir inteligamen releve la betis humaine si il le son
excusez l'othographe!
JUDICIEUSE PRECISION APPORTEE PAR JIM SUMKAY .
LA DIFFERENCE EST INDISPENSABLE A FAIRE
J'ESPERE QUE LE PHOTOGRAPHE DE PRESSE PRIS DANS LE TOURBILLON DE SA VIE DE REPORTER AURA AU MOINS TROUVE LE TEMPS DE LA LIRE