Scott Karp a démarré un joyeux débat en parlant du mythe de l'User-Generated Content la semaine dernière. Résumé de l'article :
« Ouf, les amateurs n'arrivent pas à créer du contenu de la même qualité que les professionnels. Les nouvelles technologies permettent juste de repérer les plus doués. »
Chuq Von Rospach justifie Karp avec la règle des 1%. Pour ces deux là, le talent est une ressource rare et le consommateur moyen n'en possède pas suffisamment pour le diffuser. Seuls les meilleurs participent.
Mais à dix mètres de l'explosion, pas la peine d'avoir du talent pour créer du contenu valable.
La multiplication des mobiles et des appareils photo compacts permettent aux amateurs de couvrir l'info plus rapidement et plus exactement que n'importe quel professionnel. Cette évolution est due à la seule technologie elle s'amplifiera au fur et à mesure des abonnements 3G.
Sur Mashable, Mark Hopkins apport un autre éclairage. Les photos et vidéos diffusé sur Flickr et Youtube, les bouts de récits et d'expériences qui encombrent Facebook et Twitter représentent rarement plus que leur insignifiance. En revanche, cet amas de contenu devient une mine d'information une fois agrégé et raffiné par le tagging. L'importance de Twitter lors des incendies en Californie le met bien en évidence.
Mais même pris individuellement, ces contenus possèdent une valeur. Pour Karp, le contenu doit être diffusable pour tous. Ou au moins pour une audience digne des mass media traditionnels. Or, le web a modifié la notion de contenu en disloquant ces audiences.
Aujourd'hui, médias traditionnels et UGC se présentent sous le même format numérique. La frontière entre le contenu acceptable et l'ordinaire a disparu. Certains sont payés pour produire du contenu à temps plein. Hors ligne, la large diffusion garantie par ce statut scelle sa qualité. Mais sur le web, chaque internaute décide de la valeur de ce qu'il voit.
Pas sur que les clichés de l'AFP trouvent à ses yeux plus de valeur que ceux pris sur un mobile samedi soir dernier. La valeur des contenus se juge non plus à leur qualité supposée mais à leur public, que les outils de mesure d'audience permettent d'identifier précisément.
Les groupes médias n'ont pas à être les derniers dans cette course. Holtzbrinck (Die Zeit), arrive apparemment à faire rentrer du cash avec le Facebook allemand, StudiVZ. Preuve que la force des éditeurs reste la monétisation de contenus.
Nicolas Kayser-Bril est étudiant en économie des médias. Il blogue sur Window on the Media et prépare actuellement une étude des médias postsoviétiques avec le projet Vostok2.0
« La valeur des contenus se juge non plus à leur qualité supposée mais à leur public, que les outils de mesure d’audience permettent d’identifier précisément. »
Je crois justement que les utilisateurs reviendront de cette expérience… Une fois qu’ils auront connu l’ivresse de la surinformation, ils ressentiront le besoin de se tourner vers ceux qui réussiront à faire le tri dans cette information, à la mettre en perspective, et à dépasser l’effet de masse, c’est à dire les journalistes. Le rôle de ces derniers aura alors changé : de « producteurs de contenus à temps plein », activité largement remise en cause par la révolution technologique, ils auront pour tâche de redonner un sens à l’information dans une société qui tend à donner la même valeur à « au contenu acceptable » qu’à « l’ordinaire ».
Simon,
Quand je parle de contenus UGC à forte valeur, ce sont les photos et les vidéos qui auraient été diffusées sur papier brillant et en VHS dans le temps.
La consommation média d’un consommateur lambda sur internet ne passe pas forcément par des contenus pro.La numérisation, et surtout les tags et les moteurs de recherche, mettent sur un pied d’égalité tous les contenus, de l’amateur au professionnel. Egalité au sens où les supports pour ces contenus se partagent le même gâteau publicitaire.
Ensuite, il existera toujours une place pour des contenus professionnels. Les réflexions sur le pro-am, comme celles de Sophie dans le post précédent, font émerger des modèles qui créent de la valeur pour les utilisateurs et les annonceurs.
(et pour finir, je suis pas sûr qu’on puisse appeler journaliste quelqu’un qui ne fait qu’éditer des contenus. D’accord, certains le font déjà en récrivant les dépêches et les communiqués, mais en général ils se fâchent quand on le dit comme ça. Le métier de journaliste est mort. Par contre, comme vous le dites, il y a énormément de place pour des professionnels de l’info, qui vont organiser, trier et présenter des contenus divers.)