La prétention à l'objectivité des médias traditionnels les incite à ne pas divulguer toute l'information dont ils disposent. C'est ce qu'affirme Jeremy Burke , de l'université de Duke, dans un papier (pdf) pas encore publié (via MR ).
En gros, les médias auraient peur d'apparaitre comme biaisés s'ils diffusaient des informations trop proche d'un point de vue controversé. L'importance qu'ils accordent à leur réputation les pousse alors à préférer une fadeur inintéressante à des prises de positions justifiées.
L'article s'intéresse aussi à la multiplication des sources d'informations, notamment les blogs. Le modèle de Burke prévoit que les éditeurs informés ont intérêt à en dire le moins possible puisque leur message, perdu dans la masse des signaux simultanés, apparaitrait trop partisan aux lecteurs tout en ne pouvant influencer sensiblement l'ensemble de la population.
Au final, le papier montre qu'une presse moins soucieuse de l'objectivité faciliterait la diffusion de l'information. Tout reste théorique, et les suppositions qui sous-tendent les démonstrations laissent à désirer.
Les blogueurs sont, par exemple, toujours réputés sous-informés par rapport aux gros médias. C'est oublier les blogueurs pros, par définition plus proche du terrain que les journalistes. Par ailleurs, les journaux du modèle cherchent à influencer la population pour lui faire prendre la bonne décision plus qu'à faire des bénéfices.
Si l'on devait intégrer des considérations pécuniaires au modèle, on en arriverait sans doute à la position de Jean François Kahn, qui expliquait avant-hier dans Le Monde:
La presse a beaucoup perdu en abandonnant la polémique. Le consensus général est mortifère. La gauche sociale n'a plus de journaux, les centristo-démocrates chrétiens, les gaullistes non plus, etc. Et voilà comment on perd des lecteurs.