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JEEcamp: La monétisation est un sport de combat

Paul Bradshaw organisait l’autre jour son Journalism Enterprise and Entrepreneurship unconference (JEEcamp) à Birmingham.

Comme on pouvait s’y attendre, aucun des journalistes-alchimistes présents n’a réussi à transformer les pages vues en or. Rick Waghorn, créateur de MyFootballWriter, s’en approche pourtant à grands pas.

Il y a un peu moins de deux ans, ce journaliste sportif décide de couvrir à son compte le club de foot local, Norwich City. Parce qu’il est bon et qu’il connait son public, son site cartonne : plusieurs milliers de visiteurs, qui viennent en moyenne 3 fois par mois et restent 7 minutes sur le site. A chaque visite.

Pour comparer, NYtimes, leader incontesté des sites d’infos US, occupe ses lecteurs 35 minutes par mois. All the news that’s fit to print est lue à peine plus longtemps que la couverture d’un club de D2 provincial.

Au-delà du succès des contenus, Waghorn a expérimenté avec presque toutes les sources de revenu possible :

· Abonnement : Echec. Les abonnés rapportent £300 par mois. Malgré un système d’abonnement super simple par SMS surtaxé et un prix modeste (£1/mois), ça n’a pas pris. Les abonnés conservent néanmoins le privilège de poster des commentaires. Un moyen simple de compenser le coût de leur modération.

· Partenariat : Echec. Waghorn avait monté un système d’affiliate advertising avec une compagnie d’assurance. A chaque nouvelle police souscrite depuis son site, il touchait £75. Nombre de polices souscrites : 0.

· AdSense : Echec. Au bout de 400 000 impressions, seuls £180 étaient tombé dans la caisse. De quoi s’acheter une bière tous les 1400 visiteurs, à peu près.

· Porte-à-porte : Succès ! A l’ancienne, Waghorn a engagé un commercial, ancien de chez Archant, le groupe de presse local, et payé à la commission. Tout se fait in-house, du démarchage à la rotation des pubs sur le serveur. Pour l’instant, il rapporte £3000 par mois. Ce qui fait de MyFootballWriter l’un des seuls sites de journalisme rentables.

La clé du succès a été de comprendre les besoins des annonceurs locaux – ceux qui ont fait construire leur site web en 2005. Incrédules en face d’AdWords, ils sont habitués à voir leur demi-page sur du papier. Pour toutes ces PME locales, le contact et la confiance font la différence.

Pour se lancer, les journalistes doivent regarder leur carnet d’adresse comme une liste d’annonceurs potentiels. Eux seuls ont les moyens d’amener et de faire fructifier ces micro-budgets sur le web.

Ce potentiel intéresse énormément les médias nationaux, qui sont prêts à signer des partenariats avec ces journalistes hyperspécialisés pour sous-traiter l’info et la pub locales. Moyennant un partage des revenus des annonceurs nationaux.

Deux grains de sable pourraient cependant faire couler ce beau schéma :

· Les PME se mettront aussi à la pub automatisée sur le web. Dans 4 ou 5 ans, selon Waghorn. Grosse amélioration de la rentabilité pour la pub locale, mais les journalistes perdront l’avantage que confère leur position au centre des réseaux locaux.

· Tout dépend de la qualité du journaliste au cœur du site. Rien ne dit que la couverture du conseil municipal trouvera sa niche aussi facilement. Et bien que Waghorn veuille étendre le concept à d’autres verticals et créer des portails locaux sur MyLocalWriter.com, la première crise amènera à un recentrage sur les activités les plus profitables.

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