Il était temps.
Que cela soit un peu dit, haut et fort.
Les mots ont un sens.
Les titres, aussi. Ceux d’un article, dans un journal, mais ceux des « plans » aussi.
Le syndicat SNJ de Télérama a adressé mercredi une lettre ouverte à la direction du groupe Le Monde, critiquant certains des objectifs affichés par cette dernière dans le cadre de son plan d’action 2008-2010.
C’est que le vendredi, la direction du groupe avait adressé une lettre à l’ensemble des salariés du groupe (quotidien + magazines + sites internet) pour leur présenter l’architecture d’un « plan d’action 2008-2010 », visant à développer « l’excellence éditoriale » et les « performances économiques ».
Il vise notamment à « revisiter les axes éditoriaux » du groupe et à « résorber rapidement les foyers de pertes ». La direction souligne que le coeur de cible du groupe est « prioritairement constituée de lecteurs de formation intellectuelle supérieure de tous âges ».
Le hic, c’est que le plan est baptisé « projet CSP+ »: Télérama indique avoir pris connaissance « avec stupéfaction » de ce document.
« Non, aucun journaliste digne de ce nom n’écrit +pour les CSP+ », affirme le SNJ du Magazine.
« Sa seule préoccupation est de tendre à la vérité et à l’excellence. Ensuite, qui veut le lit. Et pas seulement les acheteurs de 4X4 », ajoute-t-il.
« Non, aucun journaliste digne de ce nom ne peut accepter que l’actionnaire de référence se permette de +revisiter les axes éditoriaux+ », estime encore le syndicat.
Cela serait « contraire aux principes d’indépendance de la presse » et aux « statuts de Télérama », croit avoir besoin de rajouter le syndicat.
Le chiffrage et les mesures concrètes de ce « plan d’action 2008-2010 » devraient être présentées dans les prochaines semaines.
(avec AFP)
Créateur et rédacteur en chef de L'Observatoire des Médias. Journaliste, consultant. Conseil strat. digitale. Intervenant : ESJ-CFPJ-IPJ-CELSA. Ex Libé, LePost.fr.
Quelle hypocrisie !
Pourquoi faut-il toujours que les journalistes se « cachent » derrière de grands mots et une soit-disant vocation à l’universalité, à la non sélectivité, etc… ?
Télérama est un magazine élitiste (ce qui pour moi n’a absolument rien de péjoratif, au contraire, et en plus je suis fidèle lecteur de Télérama). Les journalistes de sa rédaction font-ils semblant de ne pas le savoir ou de le découvrir ?
Les journalistes (ceux-là en tous cas, apparemment) font-ils semblant de ne pas se préoccuper de marketing et autres considérations soit-disant « basses car mercantiles »? Si c’est le cas, ils se trompent ! Et ils se mettent le doigt dans l’œil à mon avis !
Les journalistes de Télérama font un magazine élitiste (je me répète non?), il s’adressent donc, naturellement, à une certain « frange » de la population et, par voie de conséquence, ils font du marketing, ils ciblent (les CSP+ en l’occurrence) ! Que le journaliste de Télérama qui ne s’est jamais dit, au moment d’écrire un papier « non, je ne peux pas écrire cela ou sur ce sujet, car ça n’intéressera pas mes lecteurs » me jette la première pierre ! Pas d’intifada en vue.
C’est fou cette hypocrisie (où alors c’est vraiment de la naïveté). C’est fou aussi comme le mot « marketing » est devenu péjoratif en France, mais ça c’est un autre problème.
Que la direction du groupe Le Monde donne des directions sur ce que doit être l’orientation éditoriale de ses titres, c’est un autre problème, mais, pour moi, ça n’a rien de choquant : ils ne font que rappeler une évidence. Franchement.
Je suis d’accord avec vous, Renaud. Le mot marketing est mal accepté dans la presse française. Mais il est évident que les journalistes sont maltraités : non seulement on doit leur faire assimiler le mot web, mais en plus le mot marketing. My God, quelle horreur.
Pas grand chose à ajouter à l’excellent commentaire de Renaud, si ce n’est mon hébétude face à la position de ce syndicat de journaliste et surtout à cette phrase : « Ensuite, qui veut le lit. »
Vous imaginez des employés de Renault écrivant à leur direction : « Non, nous ne produisons pas l’Espace pour des familles aisées avec enfants ; nous tendons seulement à l’excellence et qui voudra l’achètera ! » :o)
Messieurs et Mesdames les journalistes, arrêtez de croire que vous échappez aux règles élémentaires de l’économie, et de vous prendre pour des artistes ; ou alors attendz-vous à ce que vos mécènes vous coupent les vivres.