D’après Plenel, qui parlait hier à l’Université de Dauphine, Mediapart se porte bien. Le site compte déjà plus de 5 400 abonnés et en gagne 100 de plus par jour. Les prévisions, 5 000 à la fin mars, sont enfoncées.
Pourquoi ce succès ? D’abord, parce que les objectifs ont été revus à la baisse. Les prévisions initiales tablaient sur 10 000 abonnés lors du lancement. Baisser la barre, ça marche toujours.
Ensuite, parce que Plenel a changé. Alors qu’il se montrait très dédaigneux du participatif l’année dernière, il veut aujourd’hui laisser un peu de place à ses abonnés, libres de faire leur propre tambouille dans leur coin, au Club.
Il les prend toujours pour des cons – « vous ne savez pas trier » « [l’info] se passe sans que vous la compreniez, il faut que je vous la décrypte » – mais il leur laisse un enclos pour échanger leurs opinions. Eh oui, seuls les journalistes sont habilités à établir des « vérités de fait » !
En fait, si Mediapart produit, comme il le fait, du journalisme d’une grande qualité, ça n’a que peu à voir avec le design du site – « dans l’esprit de l’iPhone » (sic) – ou la stratégie de Plenel. En s’enfermant derrière un paywall, le site sort du réseau.
Quand les sites se construisent une réputation et un réseau de liens et de lecteurs au fil des billets publiés, Mediapart moissonne les investissements des précédents employeurs de ses journalistes. Il ne tient sa légitimité que des signatures engagées et de leur carnet d’adresse.
Mediapart est une excroissance du journalisme papier, pas un modèle pour le web.