StreetPress vient d’être mis en ligne. C’est un nouveau venu dans les sites d’info participatifs, issu de l’expérience StreetReporters.
L’Observatoire des Médias a interviewé un de ses fondateurs, Johan WEIZ.
Vous vous lancez ce jeudi midi. C’est donc la suite de Street Reporters?
Oui, nous avons vécu comme un laboratoire l’aventure StreetReporters, et au bout de deux ans, on a décidé de sauter le pas et de tirer les expériences de StreetReporters pour créer StreetPress :
– le participatif, c’est quelque chose qui se travaille
– cela nécessite beaucoup d’encadrement
– un outil qui nous permet de suivre les gens qui écrivent
– nous serons là pour encadrer des gens qui ne seront pas forcément professionnels.
Qu’est-ce qui vous différencie, donc, par exemple, du Post.fr, où les posteurs se battent pour écrire un article le premier et être publié en une?
Nous on est AVEC les reporters qui contribuent. A la première conférence de rédaction, nous étions 20, et nous avons discuté. On va parler, en vrai, en direct, avec la personne qui va faire le reportage. Cela nous différencie par exemple du Post, où nous allons rencontrer la personne qui va écrire, qui va faire le reportage.
Moi ce matin, j’ai vu physiquement 8 reporters. On s’est posés, on s’est assis, on s’est parlés, on s’est vus, on a parlé au moins une demi-heure pour définir un angle.
Définir un bon sujet, c’est pas quelque chose qui s’improvise. On parie vraiment sur des interactions. La Motivation première, ce n’est pas d’être en une d’un gros site, mais je vais chercher autre chose que la visibilité.
La motivation qui compte le plus, c’est la quête de sens.
Mais tout cela, cela coûte très cher, n’est-ce pas?
Oui, faire du participatif de qualité, cela coûte très cher.
Nous sommes 5 permanents à la rédaction, et nous sommes là de 8 heures du matin à 21 heures en semaine, et le samedi, « à la cool ».
Les gens qui participent sont donc gérés par nous. Notre mission principale et chronophage, c’est de gérer cette participation.
Les gens qui écrivent sont soit en stage, soit on un job, et participeront à StreetPress en plus. Ce sont des gens qui ont un travail, une occupation à côté.
Vous allez donc les former à l’écriture journalistique?
Je veux traiter un sujet, mais comment le traiter. La manière de l’angler, n’est pas innée. Les gens ont des passions, des questionnements, et notre vrai travail c’est de faire de bons angles. Ce qu’il va falloir, c’est creuser, et ne pas traiter le sujet d’une manière générale, mais c’est au niveau de l’approche.
Deux tiers des gens qui participent chez nous n’ont pas de formation journalistique.
Vous aller payer les frais des gens qui vont partir en reportage? Si vous envoyez quelqu’un à Lille, allez-vous lui payer ses billets de train?
Non, si quelqu’un va à Lille, c’est qu’il a déjà prévu d’y aller, que son travail va lui permettre d’être là-bas, et que donc il va profiter de son déplacement pour écrire quelque chose pour nous et faire un reportage.
Une fois l’article écrit, la personne est-elle payée?
Non.
Et vous, comment vous payez-vous?
Nous avons monté des partenariats avec des institutions, comme des écoles de journalisme, qui vont nous envoyer des gens que nous allons former.
– Un tiers de notre chiffre d’affaire est basé là dessus, sur la formation des étudiants. Cela nous permet de financer l’encadrement des reportages.
– Nous faisons de la production vidéo. La structure va s’appeler StreetProd, c’est quelque chose que nous faisons depuis deux ans : des formats courts pour le web. Nous avons des contrats à l’année, et là dessus, j’ai de la visibilité jusqu’à juin.
– Nous allons ensuite essayer bien sûr, de revendre une partie de nos contenus, de faire des partenariats (Yahoo…), et aussi des partenariats au niveau européen.
Nous avons travaillé sérieusement sur le modèle économique, et nous sommes « zen » jusqu’à juin. Nous n’avons pas fait de levée de fonds, jusqu’à présent.
5 journalistes, c’est une petite rédaction, et nous espérons nous développer, bien entendu.
Allez-vous vous créer un compte sur Le Post, pour être média invité? (StreetReporters a publié jusqu’en août 2008 des articles sur cette plateforme)
Nous ne les avons pas encore contacté, mais oui, c’est quelque chose que nous allons faire. LePost est un media qui a une vraie force. Nous notre point de départ est différent. Tout le monde ne peut pas venir écrire chez nous, contrairement au Post. Nous voulons faire moins de production de sujets, mais plus des sujets « fait main ». On veut en même temps « industrialiser » cette approche. Mais cela peut être complémentaire avec le Post.
Et Rue89, qu’est-ce qui vous en différencie?
On ne peut pas vraiment arriver chez Rue89, et dire voilà, j’ai un sujet. Ils ne vont pas prendre une demi-heure pour discuter avec la personne de son angle.
Même en envoyant un mail.
Eux leur métier, c’est de faire du participatif, notamment avec les commentaires, mais la production de l’information, est principalement faite chez Rue89 par des professionnels.
Si vous produisez l’information par des gens qui ne sont pas journalistes ou professionnels à la base, comme nous voulons le faire, l’impact sociétal que vont avoir ces articles seront radicalement différents.
L’Observatoire des Médias souhaite une bonne chance à StreetPress et à son équipe!
Voici leur communiqué de presse officiel.