Les salariés de Courrier international viennent d’adopter en assemblée générale le texte d’une lettre ouverte aux actionnaires du groupe Le Monde, mm. Bergé, Niel et Pigasse, leur demandant de tirer les conséquences de la motion de défiance votée le 19 décembre contre la direction de Courrier international, et de l’avis négatif rendu par le Comité d’entreprise sur le plan de licenciements.
Voici le texte de cette lettre ouverte :
Lettre ouverte à MM. Bergé, Niel et Pigasse
Messieurs,
La direction de Courrier international place les salariés dans une position insoutenable. Si insoutenable qu’une large majorité du personnel a voté une motion de défiance à l’encontre de MM. Chol et Laporte. A cela il faut ajouter que le Comité d’entreprise a rendu un avis défavorable sur le plan de licenciements présenté le 10 octobre dernier. Extrait du préambule : « ce plan s’inscrit dans la logique d’un choix financier qui tient lieu de projet d’entreprise au directoire. Il serait faux de croire que cette approche permettra de relever les défis éditoriaux qui se présentent à Courrier international en ces temps incertains ».
Comment en sommes nous arrivés là ?
Sous la direction d’Eric Chol, les rapports au sein de la rédaction n’ont cessé de se dégrader. « Les choix managériaux ont eu pour conséquence de créer des clans, d’opposer, de diviser », note ainsi l’un des deux rapports d’expertise adressés au CHSCT.
Les choix éditoriaux se traduisent par une baisse de la diffusion, notamment en kiosque. Au moment où les journaux ont besoin d’affirmer une identité forte, Courrier international ne fait plus entendre la voix différente qui le caractérisait.
La nouvelle formule n’a en outre produit aucun effet sur les résultats du journal. Pire : son « ADN » est aujourd’hui perverti. Exemple : la suppression annoncée de plusieurs rubriques « phare » du journal, dont les Insolites, largement plébiscités par les lecteurs, ce qui est en outre une aberration économique.
Quel actionnaire peut soutenir un tandem qui affiche de tels résultats ?
Aujourd’hui de nombreux postes sont supprimés, comme si les difficultés de Courrier étaient imputables aux seuls salariés. La direction, elle, n’est à aucun moment mise en cause. Contrairement à ce que proclament MM. Chol et Laporte, les licenciements ne sont pas la seule solution. Si la situation de Courrier est difficile, comme l’est celle de nombreux journaux, elle est loin d’être désespérée. Peut-être est-il urgent de penser le journal autrement, comme l’avaient proposé les salariés dans un projet prenant en compte des éléments financiers et humains, projet qui n’a pas été entendu par la direction actuelle.
Puisqu’il apparaît que MM. Chol et Laporte ne sont pas capables de tirer par eux-mêmes les conséquences de leurs choix, nous vous demandons de prendre les mesures qui s’imposent afin de permettre à Courrier International non seulement de retrouver son lectorat et son identité mais de se refonder sur des bases saines et dynamiques.
La singularité et l’originalité de Courrier International en font un grand journal. Il ne vivra pas sans l’adhésion, l’enthousiasme et le talent de son personnel.
Veuillez recevoir, Messieurs, nos salutations respectueuses.
Les salariés de Courrier international,
réunis en assemblée générale ce 9 janvier
Ceci est la copie d’un texte posté sur la page Facebook Sauver Courrier International