L'Observatoire des médias

Libé pour ses actionnaires : un « Flore du XXIème siècle » , « réseau social, créateur de contenus »

Libélutte, fanzine édité lors des grèves de 2006
Libélutte, fanzine édité lors des grèves de 2006

Libération n’a plus d’argent. Pour le moment, pas de nouvel actionnaire en vue. Libération n’est pas paru aujourd’hui, suite à une grève. Mais, coup de théâtre, Libération va peut être changer radicalement. Cette annonce, un peu digne d’un poisson d’avril, fait quelque peu frémir, ou peur, ou sourire, ou pleurer. Au choix.

Les actionnaires actuels de Libération voudraient faire du siège actuel du journal rue Béranger un  « lieu d’échange ouvert et accessible à tous, journalistes, artistes, écrivains, philosophes, politiques, designers » qui serait « entièrement dédié à Libération et à son univers » dans l’esprit d’un « Flore du XXIème siècle, carrefour de toutes les tendances politiques, économiques, ou culturelles » en misant sur « la puissance de la marque Libération ».

Libération est en bouclage, et les salariés réagissent clairement :

« Nous sommes un journal », la Une du samedi 8 février

et voici l’événement :

Les jours noirs d’un quotidien, page 2-3 de l’édition du 8 février 2014

dont l’article a été mis en ligne dès ce soir  : Les jours noirs d’un quotidien.

Voilà mon avis :

Je ne suis pas abonné à l’AFP, mais j’ai fait un honteux copier-coller de cette dépêche depuis le compte Facebook de l’un des salariés de Libération :

AFP 20h48
Plus d’infos samedi dans Libé

Les actionnaires de Libération, quotidien en grave crise financière, ont annoncé vendredi vouloir faire du journal « un réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias », provoquant l’émoi de la rédaction.
Dans un texte qu’ils comptent faire paraître dans l’édition de samedi, les actionnaires actuels – les hommes d’affaires Bruno Ledoux, Édouard de Rothschild et le groupe italien Ersel – ont pour la première fois précisé leurs intentions vis-à-vis du journal aux ventes en chute libre et financièrement en péril.
Ce projet, écrivent-ils, ne ferait plus de Libération « un seul éditeur de presse papier » mais un « réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias (print, vidéo, tv, digital, forums, évènements, radio, etc….) », de quoi lui fournir « de très forts relais de croissance ».
Les actionnaires estiment que le déménagement du journal est « inéluctable » mais réfléchissent, avec le designer Philippe Starck, à transformer les 4.500 m2 du siège du journal, situé rue Béranger, à Paris, en « un espace culturel et de conférence comportant un plateau télé, un studio radio, une news room digitale, un restaurant, un bar, un incubateur de start-up ».
Ce « lieu d’échange ouvert et accessible à tous, journalistes, artistes, écrivains, philosophes, politiques, designers » serait « entièrement dédié à Libération et à son univers » dans l’esprit d’un « Flore du XXIème siècle, carrefour de toutes les tendances politiques, économiques, ou culturelles » en misant sur « la puissance de la marque Libération ».
‘On s’est fait avoir !’
Ce texte, obtenu par l’AFP, ne précise pas le sort exact réservé à la rédaction et ne chiffre pas les investissements nécessaires.
Après avoir pris connaissance de ce texte, les salariés, qui venaient de reprendre le travail après 24 heures de grève et la non parution du journal vendredi, se sont à nouveau réunis en assemblée générale vendredi soir, a-t-on appris de source syndicale.
Ils ont décidé de longuement expliquer leur position dans le journal à paraître samedi et de se réunir à nouveau en assemblée générale dès dimanche et non plus mercredi, comme ils en avaient l’intention.
« Depuis qu’on discute avec François Moulias (membre du directoire du journal, NDLR), qui fait office de négociateur, il n’a jamais été question d’un plan pareil! On s’est fait avoir! », a déclaré à l’AFP Tonino Serafini, délégué SUD.
Libération (290 salariés), aux finances vacillantes, cherche de nouveaux investisseurs, ses actionnaires actuels refusant de remettre de l’argent.
Les ventes du quotidien de gauche, qui fête ses 40 ans, ont chuté de plus de 15% sur les 11 premiers mois de 2013 et sont tombées en novembre sous les 100.000 exemplaires, à 97.299, le pire score depuis au moins 15 ans.
En novembre, les salariés avaient adopté à près de 90% des voix une motion de défiance contre la direction, à savoir Nicolas Demorand et Philippe Nicolas, les deux coprésidents du directoire.
A la mi-janvier, les actionnaires avaient alors nommé membre du directoire l’homme d’affaires François Moulias, artisan d’un plan d’économies qui demande déjà aux salariés d’accepter des baisses volontaires de salaires.
Il avait alors assuré que les noms de nouveaux investisseurs seraient connus dans les deux mois.
Libération n’est pas paru vendredi: les salariés du journal avaient voté la grève pour 24 heures jeudi soir afin de réclamer à nouveau le départ des dirigeants : Philippe Nicolas et Nicolas Demorand a qui les actionnaires réaffirment dans leur texte « leur soutien total ».

Quitter la version mobile