C’est l’année dernière qu’a été introduite aux Etats-Unis la technologie Instant Articles de Facebook. En résumé, les articles sont pré-chargés sur les serveurs du réseau social, le média fabrique un flux léger dédié et l’utilisateur voit l’article apparaître jusqu’à 10 fois plus rapidement que s’il avait cliqué sur un lien classique, même si ce lien menait à une page adaptée aux mobiles.
The Verge, le site du groupe Vox qui a récemment lancé sur Facebook Circuit Breaker, a pu avoir une longue discussion avec les gens de Facebook, et révèle des chiffres intéressants.
Casey Newton, l’auteur de The Verge a pu rencontrer Will Cathcart, un responsable produit Facebook chargé du News Feed qu’il qualifie de vétéran dans la société : cela fait six ans qu’il travaille pour Facebook.
Instant Articles est encore plus utilisé dans les pays où la connexion mobile est lente
Facebook avait annoncé à sa conférence F8 que les utilisateurs sont 20% de plus à cliquer sur des articles lorsqu’ils sont visibles sur Facebook en tant que Instant Articles, c’est-à-dire vus avec le petit éclair dans le feed, et ces mêmes contenus seraient partagés 30% de plus avec ses contacts. Un argument massue qui finira de convaincre les réticents à cette technologie?
Plusieurs choses sont à noter sur le lancement d’Instant Articles et sa mise en place :
- Les éditeurs ont été pour très grande partie hésitants, hésitants à « donner » tous leur contenus à Facebook.
- Les éditeurs ont aussi hésité sur le partage de revenus que propose Facebook.
- Facebook a, semaines après semaines, adopté une stratégie vécue par les éditeurs comme souple : la firme américaine a permis à ceux-ci d’ajouter plusieurs publicités par article, puis a autorisé la publicité vidéo, et enfin a autorisé les articles sponsorisés à être publié via Instant Articles.
- Très rapidement, Apple a sorti sa propre technologie, Apple News, et Google a embrayé avec Accelerated Mobile Pages, AMP, qui reprend aussi le pictogramme de l’éclair.
- Instant Articles devient encore plus intéressant lorsque il est utilisé dans des pays où la connexion est mauvaise. À ce moment-là le chiffre passe 20% à 40%. Les articles sont donc encore plus lus via Instant Articles dans ces pays.
Dans l’interview, le chef de produit fait un aveu : si Facebook essaye de fabriquer un outil pour plus d’un milliard de personnes en les informant sur les infos qu’ils aiment, l’outil ne pourra pas avoir de jugements sur tel ou tel sujet à partager, ou considérer à part tel ou tel éditeur. Car cela ne pourrait pas contenter l’intégralité du milliard d’utilisateur du réseau social. Pour Facebook, le choix est clair : les choix éditoriaux traditionnels ne fonctionnent pas lorsque l’on construit un produit qui doit fonctionner pour un milliard de personnes.
Le journaliste de The Verge est allé plus loin dans les questions et a demandé si, lorsqu’un contenu complètement faux est partagé des milliers de fois, est-ce que Facebook, à un moment donné, en informerait ses utilisateurs. Réponse : non, avec cette réponse, éloquente, que je vous laisserai lire en anglais :
« There’s been some research published on this that says if you’re connected to a lot of friends across a set of diverse points of view, you actually end up learning more about the different points of view than if you weren’t using Facebook. »
Malheureusement, le chef produit ne répondra pas clairement sur le poids que peuvent avoir certains articles ou d’autres, et le fait que certains soient plus vus que d’autres :
It’s hard to talk about what transparency we would give about specific stories.
Source : The Verge