Un comportement qui a surpris tout le monde. La direction de la chaîne Itele a annoncé ce matin l’arrivée à l’antenne, et ce dès ce 19 octobre, de Jean-Marc Morandini, pour une émission quotidienne, qui traitera des médias, « avec interviews, débats et infos liés à l’actualité du secteur ».
MORANDINI : BIS REPETITA
L’histoire se répète donc :
Sur @itele pr parler médias? L’histoire se répète :
« Le système #Morandini » par @edesplanques en 2008 @telerama https://t.co/CHM0iVKSWO pic.twitter.com/gKlpk6tqZg— Gilles BRUNO (@gillesbruno) October 7, 2016
Mais pourquoi faudrait-il parler de la mise en examen pour « corruption de mineur aggravée » de l’animateur? Si la direction d’iTele avait voulu respecter sa rédaction, bien avant l’affaire, elle n’aurait pas émis la volonté de faire venir l’animateur sur son antenne.
L’idée même de voir confiée à Jean-Marc Morandini une tranche d’infos à la rentrée, avant même le scandale des castings, avait choqué la rédaction de la chaîne d’infos du groupe Canal.
La SDJ d’iTele sous le choc, inquiète de l’impact de cette décision
Aujourdhui, le président de la société des journalistes d’iTélé et Canal+ est amer :
Voici le communiqué de la SDJ d’iTELE (les gras sont de l’Observatoire des Médias) :
« L’arrivée de Jean-Marc Morandini est inacceptable »
La Société des journalistes d’I-télé- Canal+ a appris avec consternation la venue de Jean-Marc Morandini sur l’antenne de l’iTele à partir du 19 octobre pour une émission quotidienne consacrée aux medias.
La rédaction est sous le choc, inquiète de l’impact de cette décision.
A plusieurs reprises déjà depuis l’ouverture d’une enquête à son encontre, nous avons exprimé notre profond désaccord sur la venue de Jean-Marc Morandini. Nous l’avons exposé à notre direction. Il nous apparaissait déjà qu’il était inacceptable d’associer notre image à celle d’un producteur de série érotique sur le net (Les Faucons), cette situation étant de nature à porter atteinte à notre honneur, à notre réputation et d’une manière générale à nos intérêts moraux.
Notre métier repose sur la crédibilité. Celle d’une rédaction, celle de ses journalistes. Sur notre image. Sur une déontologie. C’est notre bien commun.
Sans préjuger de sa culpabilité, en respectant sa présomption d’innocence, il est évident que la présence de Jean-Marc Morandini entachera l’image de la chaîne et de ses journalistes.
Il y a deux semaines, la direction nous expliquait que » les faits reprochés à Jean-Marc Morandini (étaient) graves, et (que) la question de son arrivée ne se (posait) plus. Sauf contrordre « .
L’argument avancé aujourd’hui par la direction pour justifier ce » contrordre » est le suivant : faire remonter les audiences. Il est d’un cynisme en complet décalage au vu de la gravité des faits qui lui sont reprochés.
Actuellement Jean-Marc Morandini est mis en examen pour » corruption de mineurs « , et » corruption de mineurs aggravée » par l’utilisation d’un moyen de communication électronique. Par ailleurs, il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer une activité professionnelle en lien avec des mineurs.
Le contrôle judiciaire reflète la gravité des soupçons qui l’empêchent, à nos yeux, de pouvoir être l’une des incarnations fortes d’iTélé. Que ferons-nous lors de la prochaine étape judiciaire pour rendre compte des faits ?
Le simple fait d’écrire ces lignes nous paraît à tous surréaliste.
Alors que depuis des années, l’opinion attend particulièrement des personnalités publiques la probité qui s’impose à tous, alors que le principe d’un retrait de ses fonctions lors d’une mise en examen en attendant le jugement est communément acquis (chez les élus, les fonctionnaires, les sportifs, entre autres) comment pourrions-nous, en tant que journalistes, nous en exonérer ?
Parce que nous souhaitons tous la réussite de notre chaine et parce que le 19 octobre est encore loin, nous demandons à notre direction de revenir sur sa décision. Dans l’intérêt de tous.
Canal Plus et iTele répondent
Les directions de Canal Plus et d’iTele viennent de répondre, via un communiqué, cinglant et lapidaire :
«Le communiqué de la SDJ d’iTELE diffusé cet après-midi met en cause le principe de la présomption d’innocence. Les directions d’iTELE et du Groupe CANAL considèrent que ce principe est un droit essentiel de la démocratie, et continueront à l’appliquer»
https://twitter.com/mounierjl/status/784425269302091776
ITELE BIENTÔT EN GRÈVE?
Même s’il est trop tôt pour le dire, l’idée était partagée cet après-midi par des ex-journalistes de la chaîne ou des téléspectateurs, solidaires de la rédaction d’iTele.
Interrogé par L’Observatoire des Médias, un journaliste témoigne sa surprise : « On a été sonnés. Déjà à l’époque, à l’annonce de l’arrivée de Jean-Marc Morandini, nous avions cru à un poisson d’avril [l’info avait fuité le 1er avril 2016].»
« Pour le moment, nous n’avons pris aucune décision après ce communiqué. Il y avait environ 50 personnes à cette réunion de 14h chez iTele »
Si jamais une grève était votée, ce ne serait pas avant lundi… nous sommes vendredi, et ce n’est évidemment pas le jour où il y a le plus de monde présent à la rédaction de la chaîne d’infos.
« Avant l’annonce de la direction de Canal Plus / iTele d’aujourd’hui, nous avions évoqué plusieurs fois en réunion qu’il faudrait faire une grève, si jamais Morandini arrivait dans la rédaction. »
Ce qui est certain, c’est que le rouleau compresseur Bolloré n’a pas fini son travail : ce journaliste d’iTele confirme à L’Observatoire des Médias que la rédaction de Direct Matin – rappelez-vous, celle qui ne signe pas ses articles – va bientôt rejoindre les locaux de la chaîne du groupe Canal.
Sur Twitter, un journaliste d’iTele réagit :
Créateur et rédacteur en chef de L'Observatoire des Médias. Journaliste, consultant. Conseil strat. digitale. Intervenant : ESJ-CFPJ-IPJ-CELSA. Ex Libé, LePost.fr.