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Andrej Babis, bientôt Premier ministre tchèque : un milliardaire et magnat des médias

Andrej Babis

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Le futur Premier ministre tchèque Andrej Babis est propriétaire des plus grands médias du pays. Souvent comparé à Donald Trump pour sa fortune et son populisme, il a profité de son empire médiatique pour prendre le pouvoir
 

Le parti populiste ANO, fondé par Andrej Babis, a remporté les élections législatives en République Tchèque, le 21 octobre dernier. Avec 30% des voix ANO, “L’Action des citoyens mécontents”, devient le premier parti au Parlement. Près d’un électeur sur trois a donné sa voix à Babis, deuxième fortune du pays et magnat des médias.

En 2011, Babis fonde ANO, un parti anti-immigration et eurosceptique. Deux ans plus tard, en 2013, il achète MAFRA, premier groupe médiatique du pays. Des journalistes de Mlada fronta DNES, quotidien tchèque très populaire et dont Babis devient propriétaire, protestent contre ses choix rédactionnels. Lidové noviny et Metro, deux autres quotidiens tomberont aussi sous le contrôle du milliardaire cette année-là. Ce chef d’entreprise, à la tête de l’empire Agrofert, premier employeur du pays, s’offre ensuite des grandes radios dont Express, Impuls et Classic. Originaire de Slovaquie, Babis achètera plus tard la maison d’édition nationale Ecopress, qui publie Hospodárské noviny, grand quotidien économique.

Le magazine Foreign Policy observait un traitement favorable à Andrej Babis dans ses propres médias dès 2015. Ses opposants politiques et critiques n’ont pas reçu la même complaisance. Pourtant, le milliardaire, dont l’empire médiatique est souvent comparé à celui de Lucio Berlusconi, expliquait qu’il “serait fou de vouloir influencer les médias”.

Bohuslav Sobotka, Premier ministre tchèque, a été mis en cause dans un scandale de privatisation en 2014. Des accusations portées par un quotidien national sous la coupe de Babis. La courbe de popularité de Sobotka a chuté, l’obligeant à quitter son parti. Il est cependant resté chef du gouvernement. À l’époque, Babis était ministre des Finances. Il s’est vu accuser de complot médiatique et de tentative de manipulation démocratique.

En Hongrie et en Slovaquie, le pouvoir des plus riches passe aussi par les médias, devenus un investissement privilégié. Cette oligarchisation des médias se répand dans la région. La République Tchèque a suivi la tendance. L’objectif n’est pas de rentabiliser ces investissements, comme l’ont prouvé les résultats des récentes législatives, en propulsant Andrej Babis au pouvoir.

Le milliardaire n’est pas le seul magnat des médias tchèque. Daniel Kretinsky et Patrick Tkac, riches chefs d’entreprise, ont acheté plusieurs magazines et tabloïds populaires.

Babis, qui définira bientôt les priorités politiques de la République Tchèque, a récemment été accusé de fraude. Il aurait utilisé des subventions de l’Union Européenne – 2 millions d’euros – pour financer ses projets immobiliers. Pour le milliardaire, il s’agirait d’un complot fomenté par ses opposants politiques.

Clément Di Roma

Photo : Jiří Vítek

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