Ce matin, Edouard Reis Carona, Rédacteur en Chef délégué au Numérique, à l’Innovation chez Ouest-France, par ailleurs Responsable du desk et éditeur/réd chef de l’Édition du Soir, partageait les jolis chiffres d’audience numérique du journal. L’Observatoire des Médias a voulu en savoir un peu plus. Interview.
Quels sont ces chiffres, que vous avez communiqués ce 1er août 2019 ?
Les chiffres que nous avons communiqués ce matin sont les chiffres que nous avons aussi transmis à l’ACPM, et qui sont validés par eux un mois après.
https://twitter.com/ereiscarona/status/1156852071238381568
Est-ce que l’ACPM râle du fait que vous communiquiez déjà dessus ?
Non pas du tout, c’est un organe de certification tout comme Médiamétrie. Il y a toujours un mois de décalage et cela ne pose aucun souci.
Quel service utilisez-vous pour faire cette mesure ?
Nous utilisons Xiti. Nous sommes bien entendu aussi sur Google Analytics, Mais il y a toujours un peu de décalage avec Google Analytics.
Nous étions à 64 millions il y a un an et demi ou deux ans.
Nous avons fait un très bon travail sur la plate-forme qui a évolué et qui est désormais ouverte.
Quel CMS utilisez-vous ?
Nous sommes pour le moment à cheval entre deux CMS. Drupal sur lequel nous étions, et le nouvel outil web d’Eidos Media [Ouest France a choisi la solution globale de l’éditeur de logiciel italien, avec Méthode pour le papier aussi].
On utilise donc Swing d’Eidos Media pour le WP, le Web to Print, puis Méthode pour le montage des Pages.
Bien entendu, vous avez conscience que d’autres solutions, d’autres systèmes de publication davantage orientées web sont sorties depuis ?
Oui, nous savons par exemple que Le Parisien a choisi Arc, du Washington Post. Mais au moment où nous devions choisir notre solution, (Arc n’était pas encore disponible) Eidos était celle là plus en mesure de prendre en compte nos spécificités et nos complexités.
Swing, d’Eidos Media, sur lequel nous sommes en train de migrer est un CMS modulable. Nous sommes pour l’instant à cheval entre deux outils : d’un côté notre vieux Drupal, de l’autre côté Swing. la suite d’Eidos Media n’est pas la panacée, mais ça fait le job : il y a peu d’outils qui étaient capables de prendre en compte nos 60 éditions.
Depuis combien de temps avez-vous entamé cette migration ? Qui forme les équipes aux nouveaux logiciels ?
Elle a commencé il y a un an et demi. C’est une team spécialisée Eidos en interne qui forme les équipes.
Revenons à ces statistiques. Comment avez-vous fait progresser les équipes en SEO ?
Nous avons désormais une culture en ce sens diffusée au sein de l’entreprise. Les metrics, ce n’est plus un tabou. Nous recevons automatiquement un rapport quotidien statistique, qui provient notamment de la plateforme Google Analytics Premium.
On a beaucoup travaillé sur la qualité des contenus. On a mis des pastilles jaunes sur un bon nombre de contenus à haute valeur ajoutée. Il fallait que nous puissions avoir un site à la hauteur : nous sommes le premier quotidien de France en papier, mais notre site n’était pas au niveau. Cela commence à être le cas, désormais.
Que représente Ouest-France aujourd’hui ?
C’est un journal de PQR mais c’est un groupe et désormais vu et lu à l’international de façon non négligeable.
Il y a 3 plateformes sur lesquelles le groupe rayonne :
- Ouest-France.fr
- Actu.fr (les hebdomadaires de Publihebdo)
- 20minutes.fr (dont Ouest-France est propriétaire à 50 %)
Si on cumule cela fait à peu près 250 millions de visites.
Nous avons plaisir à dire que le groupe Ouest-France, c’est l’information de la commune au monde.
Mais attention, au mois de juillet, tout le monde était très haut. Je crois que nos confrères du Parisien ont fait plus de 140 millions de visites, tout le monde a fait de bons chiffres.
Comment expliquez-vous, en ce qui concerne plus spécifiquement Ouest-France, ces chiffres de fréquentation ?
Nous sommes sur la zone où s’est déroulé le drame de la disparition puis la mort de Steve Maia Caniço. Il y a aussi le Tour de France, qui apporte davantage de lecteurs.
Quels sont les derniers sous que vous avez reçus de la part du Fonds Google ?
Est-ce que Ouest-France sera présent sur Apple News + ?
Nous n’avons pas encore tranché.
Alors, oui, on sait, cela a fait beaucoup de jaloux lorsque pas mal de nos informations ont été reprises par Apple News.
Donc vous iriez ?
Quand Facebook a lancé Instant Articles, nous ne n’y sommes pas allés. Nous appliquons une stratégie de partenariats en prudence. L’apport des réseaux sociaux, chez nous est de 15 à 17 % du trafic. Bien entendu, nous avons beaucoup de visiteurs qui arrivent depuis Google, et aussi ses pages AMP.
Quelle est votre relation avec Google, au-delà de la DNI ?
Nous croisons régulièrement David Dieudonné du Google News Lab, lors de Datacamp, par exemple. [Au printemps 2018, le programme Google News Lab Fellowship de bourses a permis à 6 étudiants passionnés par le journalisme d’être accueillis pendant 12 semaines au sein de 6 grandes rédactions françaises partenaires : l’Agence France-Presse (AFP), Les Echos, LCI, Les Observateurs – France 24, Ouest-France et La Montagne]
Mais c’est tout ce que l’on a comme relations avec Google. Nous étions en tête de pont pour demander des sous à Google lors des discussions sur les droits voisins. Mais le référencement de Google va assez dans le sens de l’information. SI l’on fait notre travail, on trouve nos articles sans problème.
C’est comme Apple News + : nous disputons un match dont nous ne connaissons pas complètement les règles du jeu.
Mais vous êtes vraiment dans la cour des grands, vis-à-vis du moteur de recherche ?
C’est compliqué. Google aujourd’hui ne nous déclasse pas en seconde division sous prétexte que nous sommes Ouest-France et pas Le Monde. Mais par exemple, en ce qui concerne les pages AMP, Le Parisien fait le double de nous. Pourquoi, on ne sait pas.
Propos recueillis par Gilles Bruno.
Montage photo à partir de photos Ouest-France.