Assurément, je ne vais pas me faire des amis.
Dans un article titré "Retour sur un SMS", Guillaume Malaurie et Michel Labro, directeurs de la rédaction du Nouvel Observateur expliquent à leurs lecteurs le pourquoi du comment de ce prétendu SMS. Et je trouve cela hautement intéressant du point de vue du circuit de la copie entre une rédaction web et une rédaction papier.
Voici le passage qui a retenu mon attention :
Nous devons la vérité à nos lecteurs. Et d’abord à propos du cheminement de la copie sur le Web : ce "confidentiel" proposé par notre journaliste Airy Routier, enquêteur aguerri du magazine, a été transmis directement au responsable du site qui l’a mis en ligne. Ainsi vont les portails d’information en temps réel où la vitesse et la réactivité sont de rigueur. Et qui disposent d’instances d’arbitrage et de filtres moins nombreux que pour la fabrication du magazine papier. Si cet article avait été présenté -comme cela aurait dû l’être – à la Direction de la Rédaction, il est probable, sinon certain, qu’il n’aurait pas été publié. Du moins pas sous cette forme. Parce que les seules informations sur la vie privée qui peuvent justifier d’une publicité sont celles à qui l’on peut donner une signification publique explicite. Dont acte.
Tout est important dans cette citation. Relisez-là.
Je parlais l'autre jour de la vitesse à laquelle va le web, à propos des confidentiels de Libération. Vite. Très vite.
Cet été, le Nouvel Observateur en ligne est allé très vite, et a mis 5 jours à retirer une vidéo nazie odieuse que le NouvelObs.com avait tout bonnement mis en téléchargement intégral, et en haute résolution, sur son site. Cela s'est passé le 17 août dernier. Non, la vidéo n'a pas été mise en ligne par un stagiaire d'été, mais par le rédacteur en chef du site. Et je me suis fâché.
J'ai fait un billet, en appliquant un zvastika nazi à la copie d'écran du site du Nouvel Obs que j'avais faite… et en proposant de la supprimer si la vidéo l'était aussi. La page était perdue dans les méandres du web du Nouvel Observateur, certes, mais la page et la vidéo est restée pas moins de 5 jours en ligne.
Alors quand je lis "qui disposent d’instances d’arbitrage et de filtres moins nombreux que pour la fabrication du magazine papier", je dis non. Je dis réorganisez vos rédactions, et formez vos journalistes. Sinon, il serait trop facile de vous accuser de faire du buzz.
Après avoir mis en ligne cette vidéo dégueulasse, Patrick Fiole avait mis en ligne un billet de justification sur son blog.. Ce billet est le dernier billet de son blog, Le quotidien du Quotidien – "Jour après jour, la vie du site du "Nouvel Observateur" racontée par son rédacteur en chef". Étrange. Après cette histoire de sms, j'aurai bien voulu le lire.
Mise à jour, en direct. Ce billet devait se terminer… mais avant de le poster, et en me relisant, je vais revoir l'article sur le Nouvel Observateur… et je vois que le commentaire que j'y avais publié… vient dêtre modéré, censuré. Voici le commentaire en question, qui était suivi d'un lien liant à ma note du mois d'août :
Alors je reprends les termes des directeurs de la rédaction… Le Nouvel Observateur n'aime pas qu'on lui rappelle des mauvais souvenirs, et censure : "Dont acte."
Créateur et rédacteur en chef de L'Observatoire des Médias. Journaliste, consultant. Conseil strat. digitale. Intervenant : ESJ-CFPJ-IPJ-CELSA. Ex Libé, LePost.fr.