Reçue ce matin par @presse_papiers, la tribune de Gérard Proust, Président de l’UNDP parue dans @UnionPresse :
Hara-kiri, c’est exactement ce que s’apprête à se faire la filière de distribution de la presse si elle met en œuvre le plan qui semble actuellement retenir son attention pour regagner au plus vite les volumes qu’elle a perdus, installer des rayons de presse dans 95 % des emplacements de la grande distribution, au prix d’une augmentation de sa rémunération de 5 points. Solution bien artificielle et éphémère ! En effet, la fragilisation du réseau indépendant qui en résultera se traduira par une accélération des fermetures des points de vente de proximité, et une perte de chiffre d’affaires qui excédera celui qu’il s’agirait de retrouver. Les éditeurs y perdront leur maîtrise du système, les enseignes ne rêvant que de pouvoir choisir les titres et décider des quantités, au prix de la disparition de nombre d’entre eux et de la mort du système coopératif qui s’ensuivra. Et les messageries elles-mêmes y sombreront, les chaînes de la grande distribution étant outillées avec leurs propres plateformes pour en remplir la fonction. Propos apocalyptiques, me dit-on ; hélas, l’évidence ! Par ailleurs où trouvera-t-on l’argent, si l’on veut en même temps améliorer la rémunération du réseau indépendant, alors que l’on répète à tout vent que les éditeurs sont à bout de ressources ? Lorsque les aides à la presse se sont trouvées mises en cause, au grand dam des éditeurs, la Ministre a finalement décidé de les maintenir au-delà de la presse d’information politique et générale (et notamment le taux de TVA super-réduit), car l’efficacité du système de distribution est conditionnée par les volumes que lui apporte la presse généraliste — qu’il fallait donc préserver. Mais elle avait aussi précisé (*) que « la responsabilité première qui est celle de la filière dans son ensemble [est d’] offrir aux marchands de journaux des conditions de travail et des perspectives économiques », éléments « du pacte coopératif qui représente l’une des contreparties du système d’aides à la presse existant en France ». Les éditeurs sont-ils prêts à y renoncer ? Dans l’espoir que tout cela soit entendu, j’adresse à chacun, au nom de l’UNDP, mes meilleurs vœux. pour 2014.
*son communiqué du 16 mai 2013
#Danger pour la #proximité selon G.Proust Président de l'UNDP @UnionPresse si le plan de la filière se met en oeuvre pic.twitter.com/eZulQFKxxN
— Presse-Papiers (@presse_papiers) January 3, 2014
Pour mémoire, en février 2009, Gérard Proust, président de l’Union Nationale des Diffuseurs de Presse (UNDP), soulignait la nécessité de revaloriser les conditions financières et de travail des marchands de journaux qui ont la presse comme activité principale – une nécessité également soulignée par Nicolas Sarkozy lors des états généraux de la presse. Gérard Proust propose par ailleurs d’associer les diffuseurs de presse au portage des journaux à domicile :
@gillesbruno #presse Les principales propositions de la coop MLP pour sauver le réseau des diffuseurs et spécialistes http://t.co/He3ZllbT0c
— Michel Salion (@michelsalion) January 3, 2014
Le document :
Créateur et rédacteur en chef de L'Observatoire des Médias. Journaliste, consultant. Conseil strat. digitale. Intervenant : ESJ-CFPJ-IPJ-CELSA. Ex Libé, LePost.fr.